Mi juin 2018, les Ivoiriens sortent d’une longue nuit agitée. Les rues sont envahies par les eaux, les étals de commerce gisent ci et là, sens dessus dessous. Et, plus dur encore, plusieurs habitations sont à moitié effondrées. On dénombre une vingtaine de morts. La colère est à la hauteur du malheur. La pluie diluvienne de ce jour-là a été sans pitié, comme d’autres avant elle. C’est au terme d’interminables réunions interministérielles et de visites de sites qu’il sera décidé de mettre fin, une fois pour toute, à l’occupation des zones à risques, avant les prochaines pluies. Environ 6 000 familles à faire déguerpir sont recensées. Aujourd’hui pourtant, à quelques semaines des grandes pluies annoncées par la météo, la plupart de ces personnes n’ont pas quitté les lieux. Ici, on implore la pitié des autorités pour ne pas se retrouver à la rue et là ce sont des sites de relogement ou un dédommagement conséquent qui sont exigés. La note commence à être salée. Alors qu’on avait cru que cette fois-ci serait la bonne, la volonté inébranlable du gouvernement de faire déguerpir toutes les zones à risques, après ce triste jour de juin 2018, s’est effritée au fur et à mesure. Même si Anne-Désirée Ouloto tente un ultime effort de sensibilisation, avec à la clé une adhésion des mairies, il parait de plus en plus clair que le temps et les options vont manquer. S’il fallait désigner un responsable à ces nombreux morts pendant la saison de pluies, beaucoup montreraient du doigt les populations elles-mêmes. Mais l’autorité n’y est-elle vraiment pour rien dans ces drames ? Avons-nous pris les mesures drastiques quand il le fallait? Le temps n’est-il pas venu de sortir la chicotte ? Car, à moins d’un mois des grandes pluies, il apparait clairement que personne ne veut quitter ces zones à risques à moins d’y être contraint.
Raphaël TANOH