En marge de la 100ème session du Conseil international du cacao, le nouvel ambassadeur du Royaume de Belgique, Michaël Wimmer, et la ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Kandia Camara, ont paraphé un protocole d’accord visant à créer un référentiel métier de chocolatier en Côte d’Ivoire, en se basant sur l’expérience belge. Aujourd’hui, le challenge n’est plus de conserver le rang de premier producteur, mais d’entamer la phase d’industrialisation, celle qui aboutira à l’élaboration de produits finis Made in Côte d’Ivoire, par des Ivoiriens et pour des Ivoiriens. C’est là tout l’enjeu de la politique cacaoyère des prochaines décennies. Car, il faut le dire clairement, les Ivoiriens ne sont pas de grands amateurs de chocolat. Et le café non plus n’est pas leur tasse de thé. Une étude réalisée en 2017 a démontré qu’un Ivoirien consomme en moyenne 500 grammes de chocolat par an, contre 8 kilos pour un Belge et 3,6 kg pour un Français. Avec le café, les habitudes sont relativement semblables. Pour les réformateurs, ce ne sera pas une sinécure. Comment, en effet, introduire la consommation du chocolat et du café dans une culture où ces habitudes sont encore au stade embryonnaire ? Depuis 2013, de jeunes ivoiriens sortis fraîchement de l’Institut polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro (Inhp) travaillent à cela. Leur méthode ? Miser sur l’introduction du chocolat et du café dans des produits de grande consommation assez prisés. Une solution qui porte ses fruits, certes, mais à très faible échelle. Pour que les futurs grands chocolatiers ivoiriens parviennent à tirer leur épingle du jeu, il va falloir faire mieux que 500 grammes de chocolat par personne et par an. Avec l’émergence d’une classe moyenne, tout porte à croire que la donne pourrait changer. À condition, bien sûr, que le diagnostic établi soit bon !
Raphaël TANOH