Les coups d’État peuvent-il encore prospérer en Afrique ? Si l’armée zimbabwéenne a obtenu par force la démission de Robert Mugabe en 2017, les archives africaines montrent que le dernier véritable coup d’État opéré est celui d’Abdel Fattah al-Sissi, en 2013 en Égypte. D’autres tentatives, celles du 15 mai 2015 au Burundi, du 16 septembre 2015 au Burkina et, plus récemment, du 7 janvier 2018 au Gabon, n’ont pu aboutir. Tout en notant l’agacement des peuples africains, l’existence d’une opinion peu favorable et de plus en plus la volonté des chefs d’État en exercice à s’opposer aux coups de force, l’on peut noter que les armées africaines sont de plus en plus républicaines avec un début de mise en place d’institutions fortes. À cela s’ajoute le fait que la confiscation du pouvoir après une élection devient de plus en plus difficile, comme on a pu le constater en Gambie avec Yaya Djammeh. À l’orée de ses 60 ans d’indépendance, le continent, qui compte 87 coups d’État, présente encore, malheureusement, dans certains pays, les germes et les ingrédients pouvant alimenter des velléités putschistes au sein des militaires mais aussi, le plus souvent d’ailleurs, au sein de la classe politique. Il s’agit, entre autres, d’élections mal organisées, de dirigeants qui se maintiennent des décennies au pouvoir, du musèlement de l’opposition, etc. Il est temps que les jeunes démocraties africaines tournent définitivement le dos à des interventions militaires sur la scène politique et inculquent à leurs peuples la culture des élections transparentes et surtout l’acceptation par tous des résultats des urnes. Le chemin s’annonce encore long et épineux, mais des pays comme le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Ghana et quelques autres sont déjà des exemples à suivre. Il faut juste leur emboiter le pas.
Ouakaltio OUATTARA