Annus horribilis (année horrible) avait soupiré, en novembre 1992, la reine d’Angleterre, Elizabeth II, qui, par sa très haute stature, ne doit jamais se plaindre. Mais des membres de la famille royale traversaient des moments d’embarras dans leurs foyers et la monarchie connaissait quelques difficultés. Les Ivoiriens, au vu des cinq premiers mois de l’année en cours, ont aussi des raisons de soupirer et même, comme c’est permis en République, de crier leur douleur. Il y a, depuis janvier, une dangereuse danse au bord du précipice, comme si le pays jouait à se faire peur, comme si les horribles souvenirs de la crise post-électorale s’étaient subitement effacés dans l’esprit d’un peuple devenu, tout aussi subitement, amnésique. Il est urgent de se ressaisir et de se pencher sur les mutineries, en allant au-delà des solutions financières. Elles ont besoin d’une triple réponse: civique, militaire et sociale. Que s’est-il passé pour que la force des armes soit préférée à celle du dialogue ? Quel ressort s’estil cassé dans notre désir de vivre ensemble pour détruire le minimum d’humanité qui cimentait nos relations ? Quel type de cohésion faut-il réinventer pour assurer le retour de la confiance en notre sein, c’est-àdire d’une part entre gouvernants et gouvernés et, de l’autre, entre citoyens ordinaires ayant le destin de se côtoyer chaque jour ? Il est impérieux de répondre collectivement à ces interrogations pour que l’accord trouvé soit définitif et que les raisons du mouvement d’humeur restent un vieux souvenir. Eloignons nous du précipice si nous voulons une Annus Mirabilis (année miraculeuse). Se tourner vers l’avenir, c’est précisément ce que vous propose JDA, à travers ce numéro 50, un brin spécial, qui vous fait découvrir (ou redécouvrir) 50 jeunes qui font bouger la Côte d’Ivoire.