Victime du syndrome du premier pas, la classe politique ivoirienne n’arrive pas à danser le tango, faute de partenaires crédibles. Dans la majorité et dans l’opposition, chacun, à l’intérieur de son propre camp, avance masqué attendant que le vis-à-vis prenne l’initiative. Celle de la rupture au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et des retrouvailles pour le Front populaire ivoirien (FPI), actuellement en lambeaux
Dans la famille des Gbagboistes, la vérité du terrain a fixé l’étendue des dégâts des déchirements internes. Le non à la naissance de la 3è République, soutenu lors de la campagne référendaire, n’a pas prospéré et les trois sièges obtenus à l’Assemblée nationale par le FPI ont confirmé l’impact négatif de la politique de la chaise vide et de la division entre anciens camarades de gauche.
La ruse politique pour le RHDP est, pour chacun des membres, d’éviter d’être désigné comme étant à l’origine d’une rupture que tout le monde voit inscrite dans l’ADN des militants respectifs, qui veulent tous mesurer la force réelle de leur parti malgré le verdict des urnes qui a départagé les alliés.
Au FPI, elle consiste à ne pas paraître tendre la main à l’autre, une attitude qui pourrait être lue comme un renoncement au combat des principes fédérateurs, tels que la libération de Gbagbo comme préalable à toute réconciliation. Pourtant, sur le tard, tous semblent être conscients de leur faiblesse quand ils sont dispersés et que le combat pour sortir leur leader incarcéré des griffes de la CPI est politique, et doit forcément se dérouler dans l’arène appropriée. Autrement, le tango, qui se danse à deux, restera impossible.