Par ses résultats étonnants et son déroulement sans aspérités visibles, le 3è congrès du Rassemblement des Républicains (RDR) des 9 et 10 septembre derniers a pris les analystes et les partis politiques à contre-pied. Les parieurs ont également vu leurs pronostics faussés. Ainsi, ce que l’on présentait comme la rencontre de tous les dangers aura été celle d’une alchimie politique dont on ne soupçonnait pas capables les manœuvriers du parti majoritaire. Tout le monde est obligé de revoir sa copie avec l’arrivée d’une équipe dirigeante inattendue, moins dans sa composition que dans la distribution des responsabilités. En fait, la sagesse ancienne a prévalu, celle qui vous conseille de retourner d’où vous venez si vous ne savez pas où vous allez.
La surprise du communiqué de non participation au congrès de Guillaume Soro a eu son répondant d’ingénierie politique. Au finish, on a assisté à un atterrissage en douceur qui contraste avec les inquiétudes des pré-congrès, au moment où l’on redoutait de voir les assises transformées en foires d’empoigne. Le RDR se présente comme un parti prêt à faire face, à défaut d’être conquérant. Une marque de fabrique se révèle dans un environnement de recomposition politique forcée. Si la formation a réussi à constituer une équipe à même d’éviter la tempête — du moins provisoirement — l’heure de vérité arrivera au fur et à mesure que l’on s’approchera des échéances de 2020. Plus cette date fatidique pointera le bout du nez et moins aisé il sera d’avancer masqué. C’est ce qui explique la fébrilité dont nous sommes témoins aussi bien dans la majorité que dans l’opposition. C’est dans ce cadre qu’il faut décoder les messages révélant des ambitions inassouvies, des intentions contrariées et annonçant les frustrations à venir. Il est légitime de se demander si la composition actuelle de la direction du RDR va être maintenue au moment de se lancer dans la course vers la magistrature suprême.
Le congrès a permis d’assister à une réponse de l’habileté à l’habileté, la seule coterie qui montre qu’il est plus facile de jouer que de pratiquer la vertu pour se prémunir du vice. L’allié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et l’adversaire du Front populaire ivoirien (FPI) découvrent un RDR plein de ressources et sont obligés d’intégrer cette donne dans leur stratégie de reconquête du pouvoir. Au total, de belles ruptures et de spectaculaires retournements en perspective, malgré les nombreux appels à l’unité des deux mastodontes de la vie politique ivoirienne, alliés au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). C’est le charme de ce jeu que l’on nomme l’art de gérer la cité. En tout état de cause, l’on voit que les dribbleurs sont nombreux dans notre classe politique. Et ils ne sont pas toujours du côté où on les attendait.