Subissant de plein de fouet la chute des cours des matières premières sur le marché mondial, la Côte d’Ivoire souhaite désormais adopter une autre posture. Celle de la transformation locale. Une ambition politique noble qui devrait avoir in fine un impact sur les productions locales et renverser la courbe des prix sur le marché international. Premiers producteurs mondiaux de cacao et de noix de cajou, les agriculteurs ivoiriens sont les principales victimes de la surproduction de ces matières premières. De la chute des prix bords champs à la mévente de certains produits de rente, ce sont leurs revenus qui s’amenuisent. À défaut de contrôler les prix sur le marché international, nos gouvernants ont fait le choix de miser sur la transformation locale. Une belle parade, mais pour quel marché ? La Côte d’Ivoire ne consomme presque pas ses produits locaux. L’engouement observé autour des premiers « chocolatiers » ivoiriens s’est vite essoufflé et les campagnes du « consommer ivoirien » n’ont jamais connu de succès. La situation pour la noix de cajou s’avère encore plus difficile. La consommation du produit fini n’entre pas dans les mœurs alimentaires des Ivoiriens. Sans marché local, une transformation locale ne saurait impacter les prix, dans la mesure où les maitres du marché resteront toujours les grandes firmes internationales, qui ont toujours usé de stratagèmes pour le contrôle des prix. Le plus visible étant le fait de cacher les informations sur leurs stocks en magasins tout en imposant la transparence aux pays producteurs. La loi d’un marché régulé par une spéculation à sens unique n’est pas de nature à favoriser les économies qui dépendent de la vente des leurs matières premières. La lutte est encore longue pour la satisfaction des paysans, qui rongent leur frein tout en scrutant un avenir jamais certain.
Ouakaltio OUATTARA