Les pronostics ne donnaient plus de lendemains au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), au pouvoir depuis sept ans. Entre ceux qui voulaient une unification avant 2020 et ceux qui la souhaitaient après, le ton était monté d’un cran, chacun voulant mesurer ses forces et ses capacités à deux ans d’une échéance décisive. Les deux leaders, les Présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, ont opté pour l’accalmie, en appelant leurs « lieutenants » à une sorte de cessez le feu interne. Un appel que s’est aussitôt approprié l’autre protagoniste, le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Fait marquant, depuis 2005, date de la création de cette alliance, c’est la première fois qu’après un tête-à-tête, Ouattara et Bédié signent un communiqué conjoint. Veulent-ils ainsi signifier que, désormais, les accords verbaux entre eux doivent aussi être écrits, afin qu’aucun de leurs héritiers n’en ignorent ? Est-ce le signe d’un nouveau départ pour le RHDP ? L’avenir proche et les discours des cadres des deux partis nous situeront. Mais cette rencontre n’épuise pas pour autant le débat sur la succession et ne prouve pas non plus que l’horizon est désormais dégagé. Les enjeux sont toujours les mêmes. Qui succèdera à Ouattara en 2020 ? Lui-même ? Le meilleur des cadres du RHDP ou du PDCI ? Comment ce dernier sera-t-il désigné ? Voici les questions de fond que se posent les militants des partis membres de cette coalition. L’opposition devrait pouvoir s’inspirer de ce modèle pour remobiliser ses militants et occuper la place qui est la sienne. Les contradictions internes peuvent être surmontées, comme le démontre régulièrement le RHDP. Il est désormais temps que l’opposition prenne sa place, non pas forcement en se réunissant, mais en taisant ses divergences pour mettre en avant un intérêt commun : celui de la conquête du pouvoir. Sans cela, le RHDP continuera à déterminer la température politique à sa guise.
Ouakaltio OUATTARA