Fonction publique : New deal ?

En janvier 2015, le déblocage des salaires des fonctionnaires avait permis à l’État de montrer sa volonté d’œuvrer à l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses employés. Mais, en janvier 2017, ses derniers n’hésitent pas à se liguer contre l’autorité, poussant cette dernière à signer une trêve sociale de 5 ans qui lui coûte un bras. Puisqu’elle oblige l’État à payer, entre autres, un stock des arriérés (SDA), estimé à près de 200 milliards de francs CFA. Encore une fois, cela ne suffira pas. En 2019, les grèves reprennent. Alors, se sentant trahi, le gouvernement change son fusil d’épaule. Désormais, plus rien ne sera comme avant et depuis le feu couve toujours.

Dimanche 4 juillet 2021. La Coordination nationale des syndicats du secteur santé (COORDISANTE) annonce la suspension de son mot d’ordre de grève. Après des jours de mobilisation sur le terrain pour paralyser les hôpitaux publics, la plateforme a finalement accepté, in extremis, les propositions du Comité interministériel avec lequel le personnel de santé était en négociation. Au cours de son Assemblée générale à l’Institut national de formation des agents de la santé (INFAS), le syndicat de la santé n’a pas caché l’entregent grâce auquel le gouvernement a procédé pour l’amener à la raison. Mais aussi à sa fermeté.

Si le Comité interministériel a validé les quatre projets de décrets relatifs à la nouvelle réforme hospitalière, ainsi que les trois liés au personnel soignant, qui tenaient à cœur aux travailleurs, cela n’est pas sans conséquences. « Dorénavant, nous n’auront plus le droit de faire de « gombos ». Cela implique que nous ne devrons plus travailler dans une clinique privée. Pour que cela arrive, il faudra au préalable un contrat entre la clinique et l’hôpital dans lequel travaille le concerné », explique Maïmouna Kangouté, membre du directoire de la COORDISANTE et Secrétaire générale du Syndicat des sages-femmes de Côte d'Ivoire (SYSAFCI). De même, selon Mme Kangouté, fini le racket des patients et les ventes parallèles de médicaments. Dès que les décrets seront appliqués, le premier qui sera pris répondra aussitôt de ses actes. « Nous ne défendrons aucun travailleur qui violera ces dispositions », prévient Boko Kouao, Porte-parole de la COORDISANTE.

En réalité, la réforme hospitalière n’est pas un nouveau projet. C’est un vieux document qui dormait dans les tiroirs, explique un proche collaborateur du ministre de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle. Aujourd’hui, dit-il, la seule manière pour l’État de mettre fin aux grèves incessantes est d’entrer dans la normalité. Appliquer la réforme hospitalière, dit-il, revient à normaliser la situation du personnel soignant et de tout le système hospitalier.

« Concernant les décrets d’application, si les choses ont traîné c’est parce qu’il y a eu un réaménagement au ministère », ajoute-t-il. Vous voulez la normalité ? Eh bien, on vous la donne, mais elle implique des résultats et un respect strict de l’éthique et de la déontologie. Dans les années à venir, selon notre interlocuteur, il faut s’attendre à ce que le nombre de sanctions à l’encontre des fautifs augmente. Parce, poursuit-il, l’État est en train de régulariser les plateaux techniques dans les hôpitaux. Les excuses ? Il n’y en aura plus.

Stock des arriérés Depuis la grève de janvier 2017, une sorte de contrat social a été signé entre le gouvernement et les fonctionnaires, incluant notamment le payement du stock des arriérés, évalué à près de 200 milliards de francs CFA. Ce qui n’avait pas empêché des séries de grèves dans l’Éducation nationale et la Santé. Alors que la trêve sociale prend fin en 2022, le gouvernement semble disposé à reprendre une mainmise entière sur le front social. L’une des manifestations de cette volonté est la levée soudaine de la grève de la Coalition des syndicats du secteur éducation/formation (COSEFCI), en mai dernier. Tout comme le personnel de santé, les enseignants ont désormais devant eux un bloc comme une éponge, rugueuse sur une face et lisse sur l’autre.

Après une rencontre avec le cabinet du ministre de l’Éducation nationale et de l’alphabétisation, Bertoni Kouamé, Porte-parole de la COSEFCI témoigne : « c’est la disposition d’esprit de la ministre qui nous a convaincu. Jusque-là, certains de nos points de revendication ne faisaient même pas l’objet d’une simple rencontre. Mais elle a promis aborder tous ces points dès son arrivée ». En contrepartie, Mariatou Koné veut le calme à l’école. Pour preuve, elle vient de fixer la date de démarrage des États généraux tant annoncés de l’Éducation nationale pour le 19 juillet prochain.

Diagnostic Les travaux s’étendront sur six mois et s’achèveront par la remise officielle des conclusions au chef de l’État, Alassane Ouattara. Pour Mariatou Koné, il s’agira d’établir un diagnostic conséquent qui réconciliera l’ensemble des acteurs, avec des valeurs partagées. Elle veut un pacte social en faveur d’une école ivoirienne centrée sur la réussite des élèves et l’appropriation des valeurs. Mariatou Koné veut des concertations dans la franchise et sans passion, dans une démarche inclusive et participative.

Nul doute, pour Edouard Aka, Président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (UNAPEECI), que la réussite de ces assises signifiera la fin des troubles à l’école.

Ainsi donc, les deux gros animateurs du front social sont sur le point d’être mis en coupe réglée. Les enseignants sont près de 120 000 et le personnel de santé autour de 50 000. L’application rigoureuse de la réforme hospitalière mettra fin aux remous incessants et la réussite des États généraux de l’Éducation nationale fera renaître une école paisible. Que restera-t-il du front social ? Quelques bribes de protestation.

D’un autre côté, l’application de la loi sur la programmation militaire et les efforts du gouvernement pour rapprocher la police de la population, de sorte à en faire une police citoyenne, sont la preuve que tous les secteurs sont dans le viseur de l’administration Ouattara.

« Le Président de la République veut redonner aux fonctionnaires la dignité qu’ils méritent. Mais cela doit se faire dans les deux sens. En même temps qu’il œuvre à améliorer les conditions de vie et de travail, il tient à ce que les agents se mettent au travail et que les grèves et les perturbations cessent », explique notre source au ministère de la Santé.

Gel des comptes Mais la méthode ne sied pas à tous. « Si le front social tend à s’apaiser, c’est aussi parce que certains ont peur. Nous voyons des méthodes que nous ne voyions pas dans le passé pendant les grèves. Par exemple, des gels de comptes, voire de comptes d’épargnes, pour de simples arrêts de travail », regrette Pacôme Attaby, Président de la Coalition des syndicats du secteur public de Côte d'Ivoire (CSSP-CI). Dépasser les bornes, à l’entendre, est une entorse aux procédures administratives habituelles, mais c’est l’une des méthodes que les autorités utilisent pour étouffer les grèves.

Pour Théodore Gnagna Zadi, Président de la Plateforme nationale des organisations du secteur public, le gouvernement n’a pas réinventé les conditions sociales actuelles. Il n’a fait que donner aux travailleurs ce à quoi ces derniers ont droit et a tout à gagner en allant au bout de ses idées. Aujourd’hui, lui et Jean-Yves Abonga, Président de l’Intersyndicale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (IFCI), ignorent ce qui se passera après la fin de la trêve sociale, en 2022. Faudra-t-il en signer une autre ou un nouvel accord ? Quoi qu’il en soit, ce nouveau texte (s’il advient), selon Bertoni Kouamé, devra être centré autour du logement. Parce que c’est le seul point fédérateur aujourd’hui. Sur la question, Ekoun Kouassi, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (SYNESCI), estime que le coût des logements proposés aux fonctionnaires est trop élevé pour leurs bourses. Il s’agira donc de trouver la bonne formule pour que le travailleur moyen puisse avoir un toit à sa retraite. Ce sera l’élément qui fera peser la balance pour un nouveau deal.

Raphaël TANOH

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