Après plus d’un demi-siècle de conflit fratricide, les Colombiens ont signé, le lundi 26 septembre, un accord de paix. C’est la fin d’un processus qui aura duré quatre années, avec ses espoirs et ses pics de fièvre, mais surtout le début d’une ère nouvelle pour le peuple de ce pays d’Amérique du sud.
La guerre civile en Colombie, le monde entier en a entendu parler. Tant par la violence du conflit qui aura fait en 52 ans plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Mais aussi par ces figures symboliques comme la femme politique Ingrid Betancourt, enlevée par les FARC et retenue plus d’une décennie dans le maquis, ainsi que par les enjeux qu’il portait, comme la lutte contre les cartels de la drogue qui profitaient de la situation d’insécurité chronique pour faire prospérer leur trafic.
historique Carthagène
Lundi 26 septembre, c’est tout habillés de blanc que 2 500 personnes, dont 250 victimes du conflit (personnes enlevées ou blessées, proches), ont assisté à cette cérémonie de signature du texte de 297 pages, conclu à la fin d’août à La Havane (Cuba), et qui met un terme à la plus longue guerre civile d’Amérique latine. Le président colombien, Juan Manuel Santos, et le commandant en chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Rodrigo Londoño, plus connu sous le nom de guerre de « Timochenko », ont paraphé le document, négocié pendant quatre ans, à l’aide d’un stylo fabriqué à partir d’une balle. Ce dernier a pour la première fois demandé « pardon à toutes les victimes du conflit ». La cérémonie s’est déroulée sur l’esplanade du centre des conventions de Carthagène des Indes, station balnéaire considérée comme la perle des Caraïbes, en présence de plusieurs chefs d’État et dirigeants internationaux, à commencer par le Cubain Raùl Castro, arrivé dès dimanche, et dont le pays a accueilli les pourparlers de paix, menés aussi sous les auspices de la Norvège, du Venezuela et du Chili. La communauté internationale a très positivement accueilli la signature de l’accord. L’Union européenne, tout comme les États Unis, ont annoncé un appui substantiel à sa mise en œuvre. Washington a d’ailleurs précisé avoir retiré les FARC de sa liste des organisations terroristes. Même si certaines voix, comme celle de l’ancien président Uribe, s’élèvent contre l’amnistie dont bénéficieront les anciens rebelles, les Colombiens dans leur grande majorité ont manifesté leur joie dans les rues du pays. Le vrai test du pardon accordé aux FARC par le peuple sera le référendum du dimanche 2 octobre ,qui devra encore entériner l’accord.
Célia d’ALMEIDA