Le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, Maurice Kouakou Bandaman, a animé ce mercredi 19 décembre à la bibliothèque nationale au Plateau, une conférence publique sur la question de la préservation du patrimoine culturel immatériel national et la restitution des biens culturels de la Côte d’Ivoire à l’extérieur.
En présence du représentant de l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, M. Patrice Thevier, de la directrice du Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, Mme Silvie Memel-Kassi et de bien d’autres acteurs culturels, le premier responsable de la culture en Côte d’Ivoire, s’est d’abord exprimé sur la question de la restitution de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en vue de sa sauvegarde urgente, projet initié par l’UNESCO et démarré depuis 2015 en Côte d’Ivoire.
Ainsi, ce sont 800 éléments du patrimoine culturel immatériel ivoirien qui ont été inventorié sur toute l’étendue du territoire national, pour la première phase du projet. Ajouté à cela, 500 acteurs ont été formés et outillés pour réaliser ce travail.
Selon M. Bandaman, « le patrimoine culturel immatériel, c’est ce que nous sommes. Il se manifeste à travers des supports immatériels comme nos langues maternelles, nos rituels, nos fêtes de génération, nos danses culturels et biens d’autres », et pour lui, cela doit faire l’objet d’inventaire afin que cela soit sauvegarder aux fins d’être transmis de génération en génération.
« Aujourd’hui avec la modernité, nous sommes en train de perdre une grande partie de nos savoir-faire culturel », a regretté le ministre, rappelant que le coût global de cette première phase du projet s’élève à 260 millions de franc CFA (150 millions de l’UNESCO et 110 millions de l’État ivoirien).
Poursuivant, sur la question de la restitution des biens culturels de la Côte d’Ivoire à l’extérieur, le ministre de la culture a salué l’initiative prise par le président français, Emmanuel Macron lors de son discours tenu à Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2017, évoquant la restitution des œuvres d’art spoliées aux pays africains pendant la colonisation.
« A l’instar de plusieurs pays africains spoliés de leurs biens culturels ancestraux, la Côte d’Ivoire, est concernée par la question du retour desdits biens et ce, d’autant plus que le pays compte des milliers d’œuvres d’art à l’extérieur », a indiqué M. Bandaman, avant de préciser que 4 038 pièces d’art ivoiriennes sont détenues au Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris, plus de 4000 pièces au Metropolitan Museum de New-York, plus de 3000 œuvres au Musée Rietberg de Zurich (Suisse), plus de 300 objets dans les collections du Musée de Cleveland (Etats-Unis). En plus de cela, au moins 50 musées européens et américains détiennent dans leurs collections respectives, des œuvres d’art d’origine ivoirienne.
« Au total, ce sont entre 15 et 20 000 objets d’art de notre pays qui sont détenus en Occident. Ces œuvres sont des pièces d’antiquité de première génération, c’est-à-dire datant d’au moins un siècle. Certaines sont vieilles de plus de 100 ans. Leur valeur marchande minimum unitaire est de cinq cent mille dollars US pour la plupart, soit 6 mille milliards de francs CFA au moins », a ajouté la ministre.
Toutefois, il a indiqué que 148 objets d’art sur les 4 038 détenus au Musée du quai Branly seront restitués en 2019.
« Il faut créer un écosystème pour accueillir toutes ses œuvres. Et pour l’instant, ce sont ces 148 objets d’art que nous pouvons recevoir. Et pour cela, un nouveau Musée national de stature internationale et 12 musées régionaux pouvant accueillir près de 1000 pièces, seront construits d’ici 2024 », a annoncé M. Maurice Bandaman.
Anthony NIAMKE