Quelques secondes avant qu'elle ne ferme définitivement les yeux, samedi en début d'après-midi, elle priait. Encore. Et encore. Pour quitter ce monde. Le combat de la vie, Tantie Oussou y a renoncé depuis une semaine. Fatiguée par la maladie, épuisée par la fréquence des médicaments à ingurgiter, l'artiste au grand cœur n'avait plus qu'un souhait : que son cœur la lâche. Non, point de lâcheté envers la vie. Mais éprouvée par. de longs et interminables mois de souffrance, elle a craqué.
Tout a commencé par le diabète. Maladie qui necessite un comportement particulier. Qui exige un changement drastique d'alimentation. Et des soins réguliers. Tantie Oussou a mené ce combat. Avec vigueur. Avec humour. Il n'était pas question de se laisser dominer par la maladie, répétait-elle.
Même quand arrive en sus l'hypertension, son moral n'est point affecté. Les nerfs souffraient certes mais l'artiste n'était point à bout de nerf. Double combat contre deux maladies terribles.
Prescriptions sur prescriptions. Interdictions après interdictions. Les efforts devenaient pesants mais Tantie Oussou gardait le moral. Les traitements l'épuisaient mais elle faisait avec. Admirable, elle l'a été devant la douleur. Digne, elle est restée devant tant de souffrance. En 2014, elle obtient une aide de la Présidence pour une prise en charge médicale conséquente. Le Chef de l'Etat avait demandé qu'on s'occupe particulièrement d'elle et le ministre Ibrahim Ouattara suivait personnellement le dossier de l'artiste.
En plein combat, intervient un autre adversaire. De taille. Insuffisance rénale. Le moral a beau être haut et l'artiste aimer la vie, le diabète, l'hypertension artérielle et l'insuffisance rénale sont, malgré tout, pesants. Ajoutés aux troubles de la vue (elle a été opérée quatre fois des yeux). Le quotidien de Tantie Oussou est désormais conjugué en prescriptions, dialyse, injections. Au final, elle craque. Trois jours avant son déces, elle n'avait qu'une prière : que le Tout-Puissant la soulage de cette vie qui n'en était plus une.
Ses proches parents, son médecin et son pasteur retiennent deux images : une femme qui a lutté avec dignité contre trois maladies crudles et une artiste qui avoulu rester digne devant la souffrance en n'ameutant personne. Durant sa vie, elle a appris à donner ; sans savoir comment demander. Côté artistique, Tan-tie Oussou de son vrai nom Botti Elisabeth laisse une dizaine de productions dont les titres Yafi-tenou et Mahouman tomilié qui ont fait danser la Côte d'Ivoire et les pays voisins. Elle fut aussi Pca du Burida.
Que son âme repose en paix!
BLEDSON MATHIEU