Les langues maternelles sont une nécessité pour pérenniser la culture africaine et faciliter l’apprentissage des enfants. Et leur promotion en Côte d’Ivoire est la raison principale pour laquelle se bat l’Académie ivoirienne des langues maternelles (AILM). Mais le combat semble être loin d’être gagné, puisque leur délaissement constitue un véritable problème, qui a des répercussions sur le système éducatif.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la science et la culture (UNESCO), la diversité linguistique est de plus en plus menacée à mesure que les langues disparaissent. 40% des habitants de la planète n’ont pas accès à un enseignement dans une langue qu’ils parlent ou qu’ils comprennent. L’institution onusienne estime que l’éducation, fondée sur la première langue ou langue maternelle, doit commencer dès la petite enfance. En Côte d’Ivoire, l’Académie ivoirienne des langues maternelles (AILM) s’est engagée à valoriser ces langues par l’écriture afin qu’elles soient enseignées dans les écoles. Mais le constat est très amer, puisque les langues maternelles sont, de nos jours, de plus en plus délaissées, voire même ignorées. De quoi mettre notre système éducatif et notre identité culturelle aux abois.
Sauvetage Pour le Président de l’Académie ivoirienne des langues maternelles, Adoua Kouassi, celes-ci jouent un rôle très important dans l’éducation des enfants et au-delà de toute une Nation. En cela, leur vulgarisation en milieu scolaire, voire universitaire, pourrait aider à rehausser le niveau des apprenants. « La corruption et la dépravation commencent par la perte de sa propre langue. Il faut que nous puissions enseigner à nos enfants nos langues maternelles afin qu’ils aient une bonne éducation », soutient le Président de l’AILM. Une prise en compte dans le système éducatif des langues maternelles constitue une boussole du développement personnel. Et, pour y arriver, Adoua Kouassi invite l’État de Côte d’Ivoire à réactiver le Projet d’école intégrée (PEI) pour inclure l’enseignement des langues maternelles de la maternelle à l’université, puis la création d’un Haut-commissariat chargé de l’enseignement des langues maternelles. Quant aux conseils régionaux et à l’ensemble des communes du pays, l’AILM souhaite qu’ils créent des lignes budgétaires spécifiquement dédiées à l’alphabétisation en langues nationales et en français, comme le font certains pays de la sous-région. Et incluent des concours de langues maternelles dans la fonction publique, en particulier à l’École nationale d’administration (ENA), avec des points bonus pour les candidats qui excelleront dans ces matières. Si de nombreuses initiatives étatiques en faveur de la promotion des langues maternelles existent, force est de reconnaitre, selon M. Adoua Kouassi, que plusieurs d’entre elles ont été abandonnées ou se sont montrées plutôt improductives.
Anthony NIAMKE