Six ans après la crise post-électorale, le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire essaie de panser ses plaies causées par le pillage. La Collection fantôme, initiée par des privés, se lance à la recherche des objets disparus.
Créé en 1942, le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, situé dans la commune du Plateau, renfermait l’une des plus belles et grandes collections d’œuvres d’art en Afrique et dans le monde, avec plus de 15 210 pièces, selon l’inventaire réalisé en 2012. Une bonne partie de ces richesses sera pillée à la faveur de la crise de 2010-2011. Selon un décompte de la direction du Musée, une centaine de pièces uniques et d’objets authen- tiques, estimés à plus de 3 milliards de francs CFA, ont été dérobés.
Initiative sans frontière
C’est à la faveur du cri de détresse lancé en 2011 par la directrice du Musée, Sylvie Mémel Kassi, que naîtra l’idée de la Collection fantôme. Grâce à l’association « L’art sans fric », du couple franco-ivoirien Fodé Sylla et Zoé Noël, la Fondation Tapa et le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, un projet est initié en vue de retrouver les œuvres d’art. « La Collection fantôme n’est pas seulement une exposition, c’est aussi la mobilisation de toute la nation autour de ces objets culturels volés, dont l’absence constitue un véritable poids pour sa culture », a souligné Sylvie Mémel Kassi le 4 janvier, au cours de la cérémonie de lancement, qui a vu l’exposition d’images des pièces volées. Le 2 février prochain, sera lancé le manifeste de la collection fantôme », sur toute l’étendue du territoire national avec pour objectif de recueillir 22 millions de signatures. Cette action ouvrira le second lancement à Paris, au cours du même mois, avant d’aboutir à la grande exposition de la Collection fantôme au Musée des civilisations à Abidjan entre fin septembre et début décembre 2017. Cette exposition, selon ses promoteurs, fera également le tour des musées de la sous-région et du monde, également touchés par le phénomène du pillage.
Anthony NIAMKÉ