Spectacles, concerts ou autres évènements culturels, la Côte d’Ivoire n’en manque pas. Si les Ivoiriens en raffolent et ne boudent pas leur plaisir, ce n’est pas toujours évident pour les promoteurs. JDA s’est penché sur une profession controversée.
À Abidjan, il est impossible de passer un week-end sans spectacles. Le Palais de la culture de Treichville et les autres espaces culturels du District sont régulièrement pris d’assaut par les spectateurs. Si spectacle il y a, c’est bien évidemment grâce aux promoteurs, qui ont décidé d’en faire leur profession et de proposer des shows de qualité aux aficionados, malgré les nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leur métier.
Passion et difficultés « Il serait bien difficile de donner le nombre exact de promoteurs de spectacles en Côte d’Ivoire », nous dit Jeff Dossou, jeune organisateur de spectacles très connu dans le milieu du showbiz ivoirien et africain. Si Abidjan est l’une des capitales où l’industrie du spectacle nourrit son homme, ce n’est pas donné d’avance. « Pour organiser un concert, il faut avoir du contenu. Malheureusement, nos artistes sont de plus en plus en manque d’inspiration et nous ne savons plus qui proposer. Du coup, l’activité a un peu le pied sur le frein », confie-t-il. S’ajoute à cela le fait que certains promoteurs aient contribué à ternir l’image de la corporation avec le non respect de leurs engagements vis-à-vis de leurs clients. Plusieurs artistes en ont été victimes, dont la chanteuse camerounaise Daphné, qui a vu son concert à Abidjan annulé pour, dit-on, incompétence du promoteur. La récente affaire de cachet impayé de l’artiste Debordo Leekunfa par le promoteur, Lamine Modibo Sangaré, de son concert du 31 mars 2018 au Palais de la culture de Treichville, en est un autre exemple. Le secteur souffre d’un manque d’encadrement juridique, hormis celui relatif aux droits d'auteur. Un vide qui ouvre la porte à l’anarchie évidente qui sévit dans la profession, alors que l’Association des promoteurs de spectacles de Côte d’Ivoire (APROSCI) essaie depuis longtemps de régir l’activité avec des textes réglementaires. Principale réforme proposée, faire en sorte que pour l’organisation d’un spectacle, le responsable paie une caution afin de bénéficier d’une licence octroyée par l’APROCI. En attendant, des promoteurs comme Moriféré Soumahoro (Le Molare), Angelo Kabila ou Aimé Zébié ont su se faire un nom dans le milieu et participent au rayonnement de la culture ivoirienne, comme en témoigne la reconnaissance de la Nation, le 19 avril dernier, dans l’Ordre du Mérite national.
Anthony NIAMKE