Le Salon international du livre d’Abidjan (SILA) se tiendra du 16 au 20 mai 2018 sur le thème « Le livre, vecteur des identités culturelles ». Mais l’engouement pour la lecture et la fréquentation des librairies et bibliothèques sont aujourd’hui en baisse considérable chez les Ivoiriens...
Le Salon international du livre d’Abidjan (SILA) se veut spécial cette année, puisqu’il en sera à sa dixième édition. Durant cinq jours, l’Association des éditeurs de Côte d’Ivoire (ASSEDI), fera la promotion de l’industrie du livre ici et dans l’espace francophone, avec des activités à l’endroit des écrivains, des amoureux du livre et des jeunes élèves et étudiants. Mais ce salon va se tenir dans un contexte délicat, car, de plus en plus, la lecture et la passion pour les livres ne font plus partie des « dadas » des Ivoiriens.
Bilan médiocre Le constat est net. Le nombre des lecteurs ivoiriens est en baisse. Peu de chiffres sont disponibles, mais le peu d’affluence constaté lors des dédicaces de livres et les faibles visites de stands lors d’évènements littéraires en sont des preuves tangibles. « En 2008, la Côte d'Ivoire comptait plus de 40 librairies de référence, contre 15 actuellement », affirme René Yedieti, Président des libraires de Côte d'Ivoire. Selon lui, si les librairies sont en cours de disparition, c’est d’abord parce que la moitié de la population est analphabète (le taux d'alphabétisation est estimé à 56,9%) et ensuite parce que « l’Ivoirien n’achète pas de livres ». Pourtant, le pays compte énormément d’écrivains très productifs, avec « une moyenne de 75 livres offerts à leurs lecteurs par nos auteurs chaque année », affirme le Directeur du Livre et des arts plastiques et visuels du ministère de la Culture et de la Francophonie, Henry N’Koumo. Interrogé par JDA sur le « mépris » de la lecture par les Ivoiriens, le jeune écrivain Marc-Antoine Kessé Brou, auteur du recueil de poèmes « Mes précieuses laudatives », pointe du doigt le système éducatif. « A l’école on ne présente pas assez le côté ludique de la lecture. Il faut montrer aux plus jeunes que la lecture est amusante ». Depuis quelques années, des initiatives de personnes friandes de livres et de lecture ont vu le jour. Comme celle de Mireille Tchonté Silué avec « Le centre Eulis », où elle encourage la lecture chez les enfants. Le collectif « Abidjan Lit », un groupe de jeunes ivoiriens passionnés de lecture, essaie également d’accroitre l’amour du livre dans la vie des Ivoiriens. Mais leur bilan est encore bien maigre à ce jour.
Anthony NIAMKE