Réunissant des compagnies artistiques de différentes disciplines, le collectif « Air Artiste » va du Bénin à l’Italie en passant par le Botswana, les Comores et la France. En prospection à Abidjan, il souhaite s’étendre en terre ivoirienne. JDA a rencontré son administrateur, Valentin Leveau, pour en savoir davantage.
Vous souhaitez vous étendre en Côte d’Ivoire. Je suppose que vous avez pris la peine d’étudier son écosystème artistique. Comment le trouvez-vous ?
Très bouillonnant. « Air Artiste » a démarré au Benin et est en train de s’étendre au Bostwana, aux Comores, en Italie et en France. C’est la première fois que nous venons à Abidjan et nous découvrons avec plaisir qu’il y a beaucoup de lieux de spectacles. Nous avons pu visiter l’Institut français, la Fabrique culturelle, l’Institut Goethe, des écoles comme l’INSAAC, où il y a énormément de disciplines qui sont représentées, comme les Beaux arts. Cela fait écho à notre travail, puisque dans les spectacles créés par « Air Artiste », il y a toujours au moins deux disciplines. D’abord la musique, parce qu’il y a beaucoup de musiciens dans le collectif, et des chorégraphes, des slameurs et des circassiens. À part le cirque, toutes ces disciplines sont représentées à l’INSAAC. Nous les avons rencontrés parce qu’on aimerait monter un cycle d’ateliers avec ses élèves en parallèle d’une venue à Abidjan pour des représentations, des spectacles. Les artistes interviendraient à l’INSAAC pour des ateliers qui mélangeraient les différents départements de l’école.
« Air Artiste » a pour objectif de promouvoir la circulation internationale des artistes. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?
La circulation internationale des artistes est le cœur de la philosophie du projet. Selon nous, elle est primordiale et nécessaire pour le renouvellement de la création. Il est vital pour les artistes d’aller se confronter à toutes les cultures, de découvrir d’autres façons de voir, de dire, de danser, de chanter le monde. Par exemple, le spectacle qui a été créé l’année dernière reposait sur la circulation des artistes. Au printemps, deux artistes de la compagnie que je représente, le collectif La Boutique, un contrebassiste et une clarinettiste, ont voyagé à Cotonou et y ont fait une résidence de 10 jours avec d’autres artistes. En novembre de la même année, ce sont les Béninois qui sont venus en région parisienne. On a réuni la même équipe dans un lieu différent pour une nouvelle résidence. Le spectacle qui avait commencé à être créé au Benin a été perfectionné et a refait une nouvelle tournée de 7 dates. Donc c’est un spectacle qui a fait voyager les artistes entre les frontières, entre les disciplines et entre les cultures.
Si vous deviez faire une tournée en Côte d’Ivoire, comment se passera-t-elle ?
Notre spectacle « 4M Performance » a postulé pour le MASA 2020. Et nous sommes venus ici rencontrer des gens. Si jamais nous sommes sélectionnés, nous pourrons rapidement envisager, avec des artistes et des partenaires sur place, des façons de rayonner sur la ville, autrement que juste pendant le MASA. Nous sommes en quelque sorte en prospection à Abidjan. Nous avons déjà commencé à prendre des contacts pour permettre au spectacle « 4M Performance » d’être présenté en divers lieux. Nous voulons créer des liens qui vont nous attacher à cette ville et nous donner de très bonnes raisons de revenir.
Quels sont les critères pour intégrer le « Air Artiste » ?
Avant tout avoir envie de travailler avec des artistes, des personnes d’autres disciplines et ne pas avoir peur d’aller vers ce qu’on ne connait pas, notamment d’autres cultures, d’autres frontières, etc. C’est un collectif qui fonctionne toujours sans hiérarchie, dans l’altérité. C’est-à-dire qu’il n’y a jamais une compagnie ou une personne qui prend le dessus.
Comment arrivez-vous à financer tout cela ?
« Air Artiste » fonctionne comme une coopérative. Chacune des parties du collectif met en commun ce qu’elle a à sa disposition. Telle compagnie qui dispose d’un lieu le met à disposition, tel théâtre met sa salle de spectacles à disposition et ainsi de suite. L’année dernière, le spectacle « 4M Performance » n’a pas dégagé de fonds au Benin. Les théâtres qui nous ont accueillis en France nous ont beaucoup aidés et nous ont permis d’équilibrer notre budget.
Propos recueillis par Anthony NIAMKE