Avec la piraterie et le manque de structures de distribution, l’industrie musicale ivoirienne broie du noir depuis plus d’une décennie. Mais aujourd’hui, un nouvel outil de distribution numérique sera bientôt mis à la disposition du secteur.
Malgré les diverses campagnes de lutte contre la piraterie, ce phénomène continue de pourrir le secteur musical ivoirien et est en partie responsable de la disparition des structures de distribution discographiques, florissantes il y a plusieurs années. Les producteurs et mécènes musicaux ont rendu le tablier, obligeant les artistes à se lancer dans l’autoproduction. Et plusieurs d’entre eux, pour survivre, ont choisi de suivre les nouvelles techniques de vente via internet, qui dispose de plateformes de téléchargement de musique et de streaming (écouter de la musique en ligne sur internet). Là encore des difficultés se posent, notamment au niveau des moyens de connexion et d’acquisition de la musique, car les data centers ne sont pas toujours en grande quantité en Afrique. Pire, les coûts financiers sont difficilement supportables pour la plupart. C’est partant de ce constat que sera bientôt mis à la disposition de l’industrie musicale ivoirienne un nouvel outil de distribution, censé relancer le secteur.
Coffret numérique « Nous arrivons avec un outil innovant, qui va permettre aux artistes de mieux positionner leurs œuvres et en même temps de rentabiliser leur vente. Discter se présente comme un coffret musical numérique qui contient l’album de l’artiste, un album photo, la fiche technique de l’album et la biographie de l’artiste. Ceci, une fois téléchargé, est à consommer sans connexion internet et à moindre coût », explique à JDA l’initiateur de ce projet, l’Ivoirien Alfred Pacôme Yao. Avec une population estimée à plus d’un milliard d’habitants, l’Afrique est un gros marché, qui pourrait permettre aux artistes de faire fortune si leur production était bien distribuée. « Avec internet et le taux de pénétration des smartphones en Afrique, ce sont plus de 800 millions de téléphones qui sont utilisés. Dans cet ensemble, si 500 millions de jeunes connectés sont de grands consommateurs de musique sur leur smartphone, cela constitue une belle cible de vente », indique M. Yao. Ce projet est donc une perche tendue aux producteurs et artistes ivoiriens et d’Afrique pour l’élargissement de leur visibilité. « Nous avons pris des dispositions avec le Burida afin de garantir les droits des artistes. Dans la pratique, nous allons signer des contrats d’édition avec les producteurs. Et, pour la répartition des ventes, ça sera 60% pour le producteur et 40% pour le distributeur », confie M. Yao.
Anthony NIAMKE