‘’Réinventons les arts de scène’’, tel est le thème de la 9ème édition du Marché des arts et spectacles africains (Masa) qui aura lieu à Abidjan du 05 au 12 mars 2016.
Le Masa a débuté à Abidjan en 1993. Créé sur l’initiative des chefs d’Etats de la Francophonie en 1990, le Masa a pour ambition de renforcer les capacités des professionnels africains des arts vivants et permettre l’accès des productions africaines et de leurs artistes au marché international. L’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF) structure technique, a pour travail d’évaluer et d’améliorer l’efficacité d’ensemble du MASA. Ce, afin d’en faire un véritable tremplin pour la diffusion des spectacles et un pôle structurant où s’articule encore mieux cadre institutionnel et milieux professionnels. Au-delà de cet aspect, il y a le volet économique dont ne parle pas assez.
Aspect économique
23 ans après, des retombées significatives existent déjà. Sur la professionnalisation et la structuration des arts. C’est sans doute là que se situe la plus forte valeur ajoutée du Masa. Au fil des éditions, on constate par exemple l’augmentation de troupes structurées et la prise de conscience du rôle du manager. De l’avis général, la formation des régisseurs et des directeurs de troupes a aussi permis la création d’une valeur ajoutée qualitative sur les spectacles présentés au Masa. Au-delà, les rencontres professionnelles ont permis le développement ou le renforcement de projets et de réseaux professionnels. Sur l’accroche locale, la création du festival et sa pérennisation constituent en soit une retombée du Masa. Toutefois, bon nombre d’Ivoiriens, participants ou non au Masa, regrettent que le festival n’investisse pas plus la ville d’Abidjan pour devenir une grande fête populaire. N’empêche que le Masa soit un pourvoyeur de tourisme à Abidjan puisque la destination Côte d’Ivoire, capitale des arts du continent noir est prisée tant pour les acheteurs que pour les artistes.
Les retombées touristiques du Masa au plan national sont par ailleurs très faibles. Sur la diffusion des œuvres, une troupe sur trois décroche un contrat suite à son passage au Masa. Outre les difficultés de gestion et de logistique, cette approche ne permet pas d'apporter un éclairage qualitatif sur les problèmes posés. Le Masa est un marché qui présente des spectacles aux diffuseurs des cinq continents. Un lieu de rencontres et d’échanges entre professionnels du Nord et du Sud pour organiser des forums professionnels et des tables rondes. Au-delà, de cet aspect, il y a les hôtels d’Abidjan qui afficheront complet. La restauration, le transport et autres bénéficieront une embellie pendant cette période. Le palais de la Culture et ses environs seront en effervescence économique parce que les ‘’ festivaliers’’ auront besoin de faire de petites emplettes. Selon le directeur général du Masa, le Prof. Yacouba Konaté, ce sont 257 diffuseurs qui étaient présents à la 8ème édition après 9 ans d’interruption. Et pour cette 9ème édition qui démarre le 05 mars, c’est de 300 qui sont attendus.
Le Masa a été officiellement créé lors de la deuxième Conférence des Ministres de la Culture des pays ayant le français en partage qui s’est tenue à Liège en Belgique en 1990. L’une des conclusions des travaux préparatoires de cette conférence était une crise des arts du spectacle en Afrique. En particulier, le coût élevé des déplacements des artistes et de leurs productions, une méconnaissance des réseaux de diffusion du Nord et du Sud. Cette politique s’est articulée autour de trois axes notamment la structuration des organisations professionnelles, la production et la formation aux métiers du spectacle et surtout la promotion et la diffusion des spectacles. Le MASA est l’application directe et concrète de cette politique d’appui.