« Le théâtre vrai a disparu, on ne voit que des sketches et des scénettes », affirmait il y a quelques années le comédien Diallo Ticouai Vincent, confirmant qu’autrefois prisé par les Ivoiriens, le théâtre est aujourd’hui délaissé au profit de nouveaux divertissements.
Notre théâtre a disparu pour faire place à l’humour. C’est désormais ces jeunes gens qui tiennent les ficelles », regrette un dramaturge ivoirien sous couvert d’anonymat. Des salles de spectacles ont en effet été transformées en lieu de culte dans certaines communes d’Abidjan et les acteurs du secteur, n’ayant pas de soutien financier pour sortir leurs œuvres, ont rangés leurs manuscrits au placard. « Le théâtre coûte cher, on a donc besoin d’être soutenu. On ne peut pas continuer à créer éternellement et ne pas pouvoir diffuser de manière régulière pour que les artistes puissent en vivre », assène Wèrè Wèrè Liking, fondatrice de la compagnie de théâtre Ki-yi M’Bock.
Tentatives de relance
Pour lui redonner du lustre, le ministère de la Culture et de la Francophonie a récemment instauré un programme de relance du théâtre national de juin à décembre 2016 sur tout le territoire, afin de raviver l’envie du public. « Nous lançons ce programme pour que vive le théâtre et l’art dramatique », explique le ministre Maurice Kouakou Bandaman, affirmant croire en sa renaissance. Journaliste culturel, Christian Guéi a une idée pour faire renaître le 6ème art: « il faut aller avec le théâtre dans la rue. Sortir des salles, d’ailleurs il y en a plus, et aller vers les populations afin de leur proposer des spectacles qui peuvent les intéresser », rcommande-t-il. Joignant l’acte à la parole,il a lancé une tournée avec sa pièce « Larage du roi », une compilation mettant enscène sept œuvres littéraires, publiée enmai. Sa troupe sillonne depuis les quar tiers pour susciter l’engouement du public. Vieillissants et abandonnés comme lethéâtre, certains comédiens se retrouventaujourd’hui sans le sou. Le cas de Adjé Daniel, affaibli par une hypertension artérielle,en est particulièrement représentatif. En2010, il confiait dans un entretien: « depuisque je suis malade, je ne sais même pas sila RTI a passé une de mes pièces.
Fatou DIALLO