Initialement prévu pour se dérouler à Grand-Bassam, le Festival international du dessin de presse et de la bande dessinée Cocobulles se tiendra de façon exceptionnelle à Treichville, du 14 au 16 novembre prochain. Le Président du comité d’organisation, Lassane Zohoré, nous donne des précisions dans cet entretien.
Cette année, le festival Cocobulles va se tenir à Treichville au lieu de Grand-Bassam, comme d’habitude. Pourquoi l’avoir délocalisé ?
La décision a été prise il y a longtemps. Malheureusement nous étions en pleine période d’élections municipales. Les perturbations autour de ces élections n’ont pas favorisé une rencontre avec les autorités municipales d’alors. Nous avons donc décidé de le délocaliser, avec l’autorisation du maire de Treichville, François Amichia, également ministre de la Ville. En plus, c’est au quartier France que devait se tenir le festival. Il y a eu les inondations et jusqu’à-là cela n’est pas totalement réglé. On peut dire que c’est un coup de chance pour nous, mais nous sommes de tout cœur avec les populations de Grand-Bassam.
Le thème de cette édition du festival Cocobulle est « L’éveil des crayons contre le cauchemar de l’immigration irrégulière ». Quel est le rapport ?
C’est un phénomène que nous vivons depuis un bon bout de temps et dans notre réflexion pour choisir une thématique pour ce Cocobulles, nous avons jugé que c’était un sujet très pertinent. Il faut dire que nous avons beaucoup traité de ce thème et que nous avons participé à pas mal de sensibilisations. Le dessin étant un excellent vecteur de communication et de sensibilisation, pourquoi ne pas prendre à bras le corps le problème ? Le phénomène persiste et nous voulons apporter notre contribution pour que nos jeunes frères comprennent qu’on n’est jamais mieux que chez soi.
De façon concrète, comment ce thème sera-t-il traité au cours du festival ?
Il y a le festival qui va dérouler comme d’habitude, il y aura des expositions de dessins, il y a aura des workshops et autres. Mais, pour ce qui concerne le thème, il y aura une table-ronde qui sera dirigée par le ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, avec des spécialistes de l’immigration. Pendant toute une journée, nous allons débattre du thème et pendant ce temps des dessinateurs vont faire des croquis. Nous attendons près d’une centaine de personnes à cette table-ronde. Nous espérons que cela va davantage participer à la sensibilisation de nos jeunes frères.
Quelle est aujourd’hui la situation de la bande dessinée et du dessin de presse en Côte d’Ivoire ?
15 ans après, je dois dire que nous sommes un peu en recul. Il y a 15 ans, tous les journaux avaient au moins un dessinateur en leur sein. Mais, aujourd’hui, ce sont seulement au maximum trois journaux qui ont un dessinateur. Le dessin de presse n’est plus utilisé dans la plupart des journaux en Côte d’Ivoire et c’est pour cela que je parle de recul. Logiquement, avec le combat que nous avons mené depuis longtemps, cela devait être en nette progression, mais ce n’est pas ce que nous constatons sur le terrain. Et, au-delà de cela, il faut dire qu’un dessinateur n’attend pas forcément qu’un journal l’embauche. Il peut créer son blog et il y a d’autres médias qui l’aident à s’exprimer. Pour ce qui est de la bande dessinée, elle est en plein boom. Nous rencontrons pas mal d’auteurs qui sont très talentueux et qui maitrisent leur art.
Quel bilan pouvez-vous dresser de l’édition 2017 de Cocobulles ?
L’édition 2017 a été l’une des meilleures de Cocobulles que nous ayons organisées. Parce qu’au niveau de la participation, nous avons des dessinateurs qui sont venus d’un peu partout grâce à « Cartooning for peace », notre partenaire. Nous avons eu des dessinateurs qui sont venus de Palestine et d’Israël. C’est pour vous dire qu’en variété nous avons vraiment été servis. Mais cette année, Cocobulles ayant été décalé à cause de ce que je vous ai expliqué plus haut, certains dessinateurs ne nous ont pas encore confirmé leur présence.
Entretien réalisé par Anthony NIAMKE