Le Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (MASA) ouvre ses portes ce samedi 10 mars. Une édition spéciale marquant les 25 ans de l’évènement, devenu un rendez-vous incontournable. Son Directeur, le Professeur Yacouba Konaté, s’est confié à JDA.
À deux jours du début de la 10ème édition du MASA, êtes-vous prêt ?
Les choses avancent à un rythme normal, même si nous sommes plus stressés chaque jour. La majorité des artistes est déjà arrivée, car les spécialistes des arts de la rue ont suivi des master classes avec des professionnels des marionnettes. Depuis qu’il a plu au ministre et au Conseil d’administration de me confier les destinées du MASA, en 2014, nous avons ouvert un boulevard aux arts de la rue.
Vous avez lancé un appel aux différentes mairies du district d’Abidjan pour leur implication. Cet appel a-t-il-été entendu ?
Cet appel a été entendu et les responsables culturels des différentes mairies du district d’Abidjan travaillent régulièrement depuis plusieurs mois à la réussite de l’évènement. Nous avons pris sur nous le soin d’écrire aux différentes mairies il y a un an, pour leur donner l’information et solliciter l’ouverture de scènes dans leurs communes respectives. Nous attendions des mairies une prise en charge des podiums, des installations électriques et même de la sonorisation. Mais, à la vérité, nous avons constaté que cela serait très difficile à obtenir et nous réduit notre présence dans certaines communes. Nous serons néanmoins présents à Yopougon et à Abobo, où se tiendront au Centre culturel plusieurs scènes du MASA. Nous serons également à la place « Inchallah » de Koumassi, à Cocody-Saint-Jean, à Treichville, au Canal aux bois et au Parc Bressol, au Plateau.
Marché des arts et du spectacle d’Abidjan, telle est la nouvelle dénomination du MASA. Quelles sont les raisons de ce changement ?
Nous essayons juste de corriger les erreurs du passé et d’approfondir les réussites en mettant en avant des idées nouvelles. Le MASA est un forum de professionnels, un marché, mais aussi un programme de formation. J’avais fait cette proposition en 2016, mais nous n’avions pas eu le temps d’en discuter avec le Conseil d’administration. Cette année, j’ai obtenu son accord pour ce changement, qui consiste à remplacer un « A » par un autre, Africain par Abidjan. Parce qu’à l’instar du Fespaco, dont le « O » veut dire Ouagadougou, nous nous sommes dit qu’Abidjan pouvait très bien être une escale, un centre qui porte fièrement le MASA. Notre philosophie est que, puisque dans notre programmation il y a des groupes qui viennent du monde entier, nous ne pouvions plus dire que le MASA était un marché africain. Nous ne pouvions plus dire que nous vendions seulement des spectacles africains. Nous voulons désormais communiquer sur notre destination, sur notre ville, Abidjan, qui nous est chère à tous.
La Côte d’Ivoire sera représentée par plusieurs groupes et artistes. Pensez-vous qu’ils soient suffisamment prêts ?
Les groupes qui sont choisis ne le sont pas par le Directeur du MASA mais par un Comité international d’experts du monde entier. Quand un groupe ivoirien est choisi, je ne peux qu’en être fier. Ces groupes travaillent et le choix porté sur eux est artistiquement valide. Je ne suis pas inquiet, les groupes qui représentent la Côte d’Ivoire vont assurer.
Au niveau de l’organisation, quelles sont les difficultés rencontrées ?
La première difficulté, c’est que le MASA, c’est une équipe très restreinte, pas plus de dix personnes. Avec une équipe aussi réduite pour une manifestation d’une telle envergure, c’est très difficile. L’autre difficulté, c’est que je suis arrivé dans une maison où il y avait énormément de dettes à éponger et que j’ai dû moi-même en contracter. Fournisseurs, hôtels, compagnies aériennes et agences de voyages, nous avons pu tout régler. Fondamentalement, nous avons des problèmes budgétaires qui se résolvent doucement grâce à nos partenaires et surtout au gouvernement ivoirien, que je félicite pour le montant de sa contribution au MASA.
Combien de personnes sont-elles attendues et quelles sont les mesures sécuritaires mises en place ?
Nous sommes déjà à plus de 1 000 festivaliers et cela évoluera durant l’évènement. Près de 150 professionnels seront présents avec plus de 800 groupes et artistes pour cette 10è édition. Pour les questions sécuritaires, tous les sites dédiés au MASA sont sous haute surveillance policière et militaire. Nous souhaitons offrir un MASA de qualité à nos hôtes et aux touristes qui viendront découvrir la Côte d’Ivoire.
Propos recueillis par Anthony NIAMKE