Élu en février 2018 à la tête de la Fédération ivoirienne de handball, le Colonel Aboubacar Karaboué, s’est donné pour mission de relancer cette discipline. Dans cet entretien, il nous fait part de sa vision.
Quel regard portez-vous sur le handball en Côte d’Ivoire après sept mois de gestion ?
Le handball, discipline sportive ayant apporté le plus de lauriers à la Côte d’Ivoire en tant que sport collectif, avant de tomber dans une sorte de léthargie, renait peu à peu de ses cendres. J’en veux pour preuve la première partie de notre championnat D1, qui s’est déroulée avec beaucoup de ferveur, tant au niveau des présidents de clubs qu’au niveau des athlètes et du public. Le championnat a été organisé dans les différents pôles de développement mis dans plusieurs villes de l’intérieur du pays et à Abidjan. Mais nous n’allons pas nous appesantir sur ce que nous avons fait de positif. Nous essayons de relever tout ce qu’il y a de négatif dans ce que nous avons fait ou ce que nous n’avons pas encore fait afin de faire rejaillir le handball dans l’esprit des Ivoiriens.
Est-ce déjà un aperçu de votre bilan ?
Il me serait difficile pour moi de faire déjà un bilan, mais je suis heureux que les présidents de clubs aient adhéré au projet que nous leur avons présenté. Il est vrai que j’ai été élu à 66%, mais il n’est pas toujours évident d’amener tout le monde à adhérer à une idée. Nous sommes en train de dérouler le programme que nous avons établi pour l’année 2018. C’est déjà positif.
L’équipe féminine ivoirienne junior n’a pu se rendre en Hongrie en juillet dernier pour la Coupe du monde, faute de visas. Cela peut-il être considéré comme un premier échec pour vous ?
Je ne le considère pas comme un échec. Pour moi, c’est un fait divers, même si cela nous a fortement affectés, parce que toutes ces gamines, que nous encadrons et auxquelles nous essayons d’inculquer un certain nombre de valeurs, ont été vraiment brisées dans leur rêve de participer à ce championnat du monde. Mais après l’incident nous avons eu la chance d’échanger avec le Consul général de France et nous avons pu nous entendre afin que ce genre de situation n’arrive plus. Nous avons appris de cette expérience.
Concrètement, quelles sont les difficultés du handball ivoirien ?
Il n’y a pas que le handball, c’est le sport ivoirien en général qui est affecté par la situation du pays. Souvent on parle des lauriers que l’on a glanés, mais on n’oublie de replacer cela dans un cadre. Il y a quelques années, les sports de « main » étaient très suivis par plusieurs entreprises ivoiriennes et par des mécènes qui prenaient plaisir à les soutenir. De nos jours, il y a beaucoup de personnes qui aiment le sport, mais les difficultés font que les soutiens sont un peu plus rares. Vu que nous sommes dans une nouvelle dynamique avec le gouvernement, nous entendons tracer les sillons de l’émergence du handball ivoirien.
À combien s’élève la subvention de l’État ?
L’État fait de son mieux pour venir en aide aux fédérations. Au titre de l’année 2018, la subvention de la Fédération ivoirienne de handball avoisine 40 millions de francs CFA. Elle doit l’aider dans son fonctionnement, mais comme l’a dit le ministre des
Sports, Paulin Danho, l’État ne pourra jamais tout faire. Cette subvention représente le tiers de notre budget, qui s’élève à 120 millions de francs CFA. Il y a donc 80 millions à pourvoir pour arriver aux résultats que nous souhaitons obtenir.
En décembre se tiendra le Championnat d’Afrique des Nations d’handball senior Dames. La Côte d’Ivoire sera de la partie. Comment préparez-vous cette compétition ?
Aujourd’hui, c’est une énigme, parce que, malheureusement, cette compétition n’a pas été budgétisée. Au ministère de tutelle, lorsque nous avons pris les rênes, des démarches ont été entreprises auprès de la direction de la vie fédérale. Avec l’arrivée du nouveau ministre des Sports, le dossier a été réintroduit et nous espérons le rencontrer afin d’avoir plus d’informations sur la disponibilité des moyens pour notre participation.
Les trois premiers de ce championnat seront qualifiés pour le Championnat du Monde de Tokyo en 2019. C’est donc capital pour la Côte d’Ivoire ?
C’est plus que capital pour nous, parce qu’il n’y a pas que le Mondial en 2019. Ces trois équipes seront autorisées à participer au championnat qualificatif pour les Jeux olympiques de 2020. Il est donc important de part à cette compétition, d’autant que nous pensons avoir des chances d’accrocher l’une de ces trois places.
Antony NIAMKE