C’est ce samedi 14 janvier que débutera la 31è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Gabon. Avant l’événement, JDA a donné la parole à Aimé Brière et Adam Khalil, deux spécialistes du football ivoirien.
Les favoris et les outsiders
Aimé Brière : il y a 6 équipes dans cette compétition qui peuvent prétendre al- ler jusqu’au bout. Il s’agit du Ghana et de l’Égypte, logés dans la poule D, que les Éléphants croiseraient s’ils se qualifiaient. Il y a également la RD Congo, dans la poule de la Côte d’Ivoire, et il faudra aussi compter avec le Sénégal et l’Algérie. Mais des surprises pourraient venir des équipes comme le Mali, le Togo ou l’Ouganda. Maintenant, s’il est question de savoir qui est favori, les premiers matchs nous situeront.
Adam Khalil : Évidement, les Éléphants doivent être les principaux favoris. Ils sont les champions en titre et devront défendre leur titre. Depuis quelques années, il y a un équilibre des forces entre ceux qu’on pourrait appeler les petites équipes et les grandes nations de football. Le Nigeria par exemple, qui avait remodelé son équipe, a pu remporter la CAN 2013, et le Burkina Faso aussi, finaliste malheureux. Rappelons-nous qu’en 2012, la Zambie est montée en force et a battu la Côte d’Ivoire en finale. Et personne ne s’attendait à ce qu’elle réalise l’exploit en 2015, en l’absence de Didier Drogba. Aujourd’hui peut-on vraiment parler de favori ? Pour moi, ce sera une coupe d’Afrique étriquée parce que le niveau reste équilibré.
De l’état d’esprit des Éléphants
AB : L’état d’esprit sera très important dans cette compétition. Il faut éviter de se dire que nous sommes les tenants du titre et dormir sur nos lauriers. Il faut plutôt que les Éléphants jouent comme des challengers et qu’ils soient concentrés sur leur sujet. Quand on parle d’état d’esprit, il faudrait qu’il y ait une équipe sans esprit de vedette. Ne pas arriver en terrain conquis, et être en ordre de bataille.
AK : L’état d’esprit, c’est de pouvoir défendre son titre et en même temps, je reste un peu dubitatif sur les derniers évènements à Abu Dhabi. Le sélectionneur national n’aurait pas dû donner une liste de 24 joueurs au départ. Il aurait dû prendre les 23 joueurs de telle sorte à ne pas créer de susceptibilité entre ses éléments. Il faut que cette équipe reste concentrée. Il fallait dans un premier temps choisir les 23 joueurs et entamer la préparation ensemble. Aujourd’hui, tout est arrangé et les Éléphants n’ont pas d’autre choix que d’aller reconquérir leur trophée. Les joueurs en ont les moyens, ainsi que l’encadrement technique.
Poule de la mort ?
AK : Il faut avoir peur du premier match des Éléphants contre le Togo, qui peut être une équipe imprévisible, même s’il n’affiche pas de grands talents, en dehors d’Adebayor et d’Agassa Kossi. Paradoxalement, ce sont des joueurs qui n’ont pas de club, mais dont l’orgueil peut être fouetté dans une confrontation avec la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens doivent donc faire très attention aux Éperviers lors de la première confrontation, d’autant plus que toutes les équipes de la phase éliminatoire sont bonnes. Nous avons eu l’exemple avec la Guinée en 2015.
AB : Certains Ivoiriens supputent déjà, on parle de qui va être 1er ou 2è de la poule D, pour savoir qui sera le prochain adversaire. Pour l’instant, ils doivent savoir que la Côte d’Ivoire n’est pas encore qualifiée. Nous sommes dans une poule très difficile à jouer, parce que la RDC est une équipe dont le potentiel offensif pose des problèmes à tout le monde. Le Togo est un empêcheur de se qualifier en rond, si on peut se permettre l’expression. Et le Maroc d’Hervé Renard sera, également un adversaire difficile. D’autant plus que le sélectionneur des Lions de l’Atlas est sur la sellette et voudra réagir. Et quand on parle de surprise, elle peut venir de l’équipe du Togo. Il faut donc espérer que ce ne sera pas au détriment de la Côte d’Ivoire. Les Éléphants devront prendre match par match, avant d’envisager d’aller plus loin dans la compétition.
Faiblesses de l’équipe ?
AB : Je reviens sur le panache. C’est une équipe qui n’a pas de panache, mais présente peu de faiblesses pour l’adversaire. Après le match contre le Maroc, son sélectionneur Hervé Renard disait qu’il fallait maîtriser le milieu de terrain ivoirien, car c’est un milieu où cela joue dur pour la récupération. Vous avez des jeunes comme Serey Dié qui ne font pas de cadeaux, même s’il le paye souvent avec des cartons jaunes, et Kessié, qui a des arguments avec son physique. C’est donc une équipe qu’il faut véritablement bousculer pour y trouver des faiblesses.
AK : En termes de faiblesses, je parlerai déjà de l’absence de Gervinho, le capi- taine, un joueur ayant énormément ap- porté. Il y aura donc forcément un vide qui va se faire ressentir. Ceux qui pouvaient apporter plus de percussion à l’attaque sont des joueurs qui ne sont pas en pleine forme. Je veux parler de Max Gradel, ou d’une pointe comme Bony Wilfred, qui ne joue presque pas en club. Cela pourrait affaiblir le secteur offensif. Mais il faut noter que ce sont des joueurs professionnels qui peuvent surprendre et comme le disait Aimé, il faut que la pointe qui est Jonhatan Kodja puisse recevoir des balles avec un milieu vraiment dense. C’est à ce niveau qu’il faut responsabiliser Sery Jean Michael qui est un orfèvre en club, mais ne réussit pas toujours avec les Éléphants au niveau de la finition.
Anthony NIAMKÉ