Élection CAF 2021 : Jacques Anoma à la conquête de l'Afrique

Pour la deuxième fois de sa carrière, l’ex Président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Jacques Anoma, est candidat au poste de Président de la Confédération africaine de football (CAF). Après avoir été écarté en 2013 face à l’ex Président Issa Hayatou, le natif d’Alépé (région de la Mé) revient à la charge huit ans après, avec pour seule ambition d’occuper ce fauteuil présidentiel. Mais la tâche risque de ne pas être facile, car devant lui se dressent des candidats tranchants. Quelles sont ses chances dans cette élection ? Son expérience au sein du football ivoirien et africain le mènera-t-elle vers la Terre promise ?

Jacques Anoma est de nouveau candidat au poste de Président de la Confédération africaine de football (CAF). Une information bien accueillie dans la sphère footballistique ivoirienne et à la Fédération ivoirienne de football (FIF), qui a décidé de lui accorder son parrainage, montre car cette candidature représente quelque chose de grand pour la Côte d’Ivoire. S’il a décidé de se concourir à cette élection de la faîtière du football africain, qui doit se tenir en mars 2021, il faut comprendre que le patron de l’Académie de football Amadou Diallo (AFAD) revient de loin. En 2013, Jacques Anoma s’était vu priver de son droit de défier le Camerounais Issa Hayatou, ancien Président de la CAF, par une disposition des conditions d’éligibilité. Malgré le fait qu’il ait saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS), il a fini par être débouté. Finalement, la conséquence de cela fut son éviction du Comité exécutif de la FIFA en 2015. Huit ans après, il revient, plus aguerri et convaincu qu’il a les arguments nécessaires pour redresser la maison du football africain.

Un homme engagé Jacques Anoma accède à la tête de la Fédération ivoirienne de football (FIF) le 23 février 2002 après l’éviction de M. Dieng Ousseynou. Âgé de 51 ans à cette époque, il prend les rênes du football ivoirien et entreprend de profonds changements, en mettant en place un Centre technique national pour la sélection ivoirienne et en opérant des changements dans l’organisation de la Coupe Félix Houphouët-Boigny, accélérant le développement des clubs de football en leur accordant des subventions à hauteur d’une trentaine de millions de francs CFA. Plusieurs stades lui doivent leur réhabilitation. Mais Jacques Anoma avait un objectif, celui de permettre à la Côte d’Ivoire de participer à la première Coupe du monde de son histoire. Il y parviendra avec la qualification des Éléphants de Côte d’Ivoire au Mondial 2006, en Allemagne. Un acte majeur, qui restera à jamais gravé dans l’histoire ivoirienne. En plus d’avoir permis à son pays de disputer son premier Mondial, il est « le père » de la génération dorée, avec Didier Drogba, Kolo Touré, Yaya Touré, etc. S’il n’a pu s’offrir de Coupe d’Afrique des Nations durant ses mandats, il peut tout de même se féliciter d’avoir permis aux Éléphants de disputer leur deuxième finale de CAN en 2006, face à l’Égypte. En outre, très engagé pour la cause du football africain, l’ex Directeur administratif et financier à Air France s’était également donné pour mission de redresser l’Union de football ouest-africaine (UFOA), qui, avant son arrivée, souffrait d’un manque de compétition, de cotisations non payées, de dettes et de faiblesses dans l'évolution de son développement local. Choses qu’il remettra en ordre durant sa gestion. Mais en 2011, malgré ses performances, il se voit contraint de rendre le tablier. Jacques Anoma quittera la Maison de verre convaincu d’avoir apporté sa touche au développement du football ivoirien.

Y croire Pour cette élection à la présidence de la CAF prévue le 12 mars 2021 à Rabat (Maroc), Jacques Anoma fera face à des adversaires très coriaces. À commencer par le Président sortant, Ahmad Ahmad, dont l’Ivoirien est très proche. C’est grâce à l’élection du Malgache à la tête de la CAF, en 2017, que Jacques Anoma sera réintégré dans les instances du football international. Après plusieurs mois de tergiversation, Ahmad a décidé de déposer sa candidature pour un second mandat. Mais il pourrait être contraint à la retirer, sous la menace d’être frappé par une sanction de la FIFA pour avoir enfreint divers Codes d’éthique de la faîtière mondiale du football. Mais, en attendant le verdict final, Ahmad est un sérieux adversaire, qui estime avoir le soutien des présidents des six conseils des associations africaines de football. Si pour certains observateurs la candidature de l’Ivoirien est une trahison, Jacques Anoma ne la voit pas de cet œil. « En toute franchise, cela n’a pas été une décision facile à prendre. En effet, j’ai de très bonnes relations avec l’ensemble des membres du Bureau exécutif de la Caf. Il y a surtout Ahmad, le Président de la Confédération. Mais j’ai dû répondre à l’appel de beaucoup de Présidents de fédérations qui s’inquiétaient de la situation devant laquelle la CAF risquait de se retrouver après le 12 mars si je ne faisais pas acte de candidature », explique-t-il. Avant d’ajouter : « j’ai fait les choses en toute transparence. Je l’ai informé (Ahmad Ahmad) et nous attendons tous de voir si les choses iront jusqu’au bout ». Pour le patron de l’AFAD, sa candidature est salutaire pour la sauvegarde du football africain, car, selon lui, plus rien ne va. Pour preuve, trois membres du Comité exécutif d’Ahmad ont eux-aussi décidé de se porter candidats. Il s’agit du président de la Fédération sénégalaise de football, Augustin Senghor, de celui de la Mauritanie, Ahmed Yahyan et de l’homme d’affaire sud-africain Patrice Motsepe. « Je voudrais donc être la voix de ceux qui pensent qu’il y a quelque chose à faire pour remettre la Confédération africaine dans le bon sens. En tout cas, je veux le faire, mais pas tout seul », souhaite Anoma. Pour les observateurs du football ivoirien, face à ces adversaires, Jacques Anoma a toutes les chances de parvenir à être le premier Ivoirien à accéder à la tête de la CAF. « Jacques Anoma, comme tous les autres candidats, à ses chances. Mais il ne s’est réellement pas préparé à cette élection comme il l’avait fait en 2013. En 2013, son projet de candidature, préparé de longue date, arrivait à maturation. Il devait affronter Issa Hayatou, avait énormément de chances de gagner et bénéficiait du soutien de plusieurs jeunes présidents de fédérations, dont la plupart étaient vraiment des progressistes », décidés à imposer un nouvel ordre de gouvernance à la tête de la CAF. Issa Hayatou l’ayant compris, il a contré la menace de l’Ivoirien par un amendement sur mesure », explique le consultant sportif Fernand Dédeh. « Sept ans plus tard, Jacques Anoma n’est plus opérationnel au niveau des fédérations, mais il a gardé une certaine influence dans le milieu du football. Il est toujours respecté. Et sa qualité d’envoyé spécial de la FIFA et de la CAF lui a permis de rester en contact avec les décideurs du football africain et régulièrement au fait des réalités dans les fédérations », poursuit-t-il. Mais, selon le consultant sportif, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et « certains présidents qui soutenaient Jacques Anoma en 2013 estiment avoir la légitimité pour solliciter les suffrages de la communauté sportive. Ils ont gagné en expérience et nourrissent eux aussi des ambitions », commente Fernand Dédeh. Les candidatures du Sénégalais Augustin Senghor et du Mauritanien Ahmed Yahya viennent brouiller les cartes de la cohésion dans la sous-région. « L’Afrique de l’Ouest présente trois candidats. Ce qui a pour conséquence de diviser les voix au niveau sous-régional. La bataille, du coup, ne sera pas facile, et cela pour tout le monde. Surtout si la candidature du Président sortant, Ahmad Ahmad, est maintenue », prévient le consultant sportif ivoirien.

Anthony NIAMKE

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