La récente chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie, suivie de la prise de pouvoir par la coalition qualifiée « d'islamiste » Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), soulève de vives inquiétudes pour la sécurité internationale, en particulier en Afrique et dans la région sahélienne. Ce bouleversement a des répercussions majeures sur les dynamiques en cours dans la région, l'activité terroriste et les opérations militaires russes.
Le HTS, constitué majoritairement de transfuges d’Al-Qaïda et de l’État islamique (EI), pourrait redéployer ses combattants vers d’autres fronts, notamment en Afrique. En 2015, la défaite de l'EI avait déjà provoqué un afflux d’éléments terroristes vers le Sahel, renforçant les rangs de l'État islamique au Grand Sahara (EIGS). Si le HTS adopte une stratégie similaire, cela pourrait entraîner un nouvel afflux de combattants aguerris dans la zone, aggravant une situation sécuritaire déjà fragile.
La chute du régime syrien a également des implications pour la Russie, principal allié de Bachar al-Assad. Moscou, disposant de bases stratégiques en Syrie, pourrait être contraint de repenser ses opérations militaires en Afrique. Le contrôle du HTS sur ces bases met donc en péril l'engagement russe dans des pays africains, particulièrement au Sahel.
Un autre point d'inquiétude concerne les armes abandonnées par les militaires syriens. Il existe un risque réel que ces armes sophistiquées tombent entre les mains de groupes malveillants qui pourraient les utiliser pour alimenter la violence dans des régions déjà instables. Ce scénario rappelle la situation en Libye après la chute de Kadhafi, quand un stock d'armements a été détourné par divers groupes armés, exacerbant l'insécurité dans toute la région.
Par ailleurs, les groupes terroristes opérant au Sahel pourraient s'inspirer des tactiques du HTS pour intensifier leurs offensives. Cette dynamique pourrait entraîner une augmentation des attaques contre les forces armées locales et les civils, aggravant ainsi l'insécurité.
Enfin, la rivalité russo-turque, très présente en Syrie, pourrait également se déplacer vers l'Afrique, ajoutant une couche supplémentaire de complexité. Alors que les relations entre la Russie et ses partenaires africains semblent au beau fixe, cette rivalité pourrait influencer les alliances et les interventions militaires sur le continent.
La chute du régime syrien et la montée en puissance du HTS représentent une nouvelle donne géopolitique, avec des conséquences potentielles pour l'Afrique et le Sahel. Pour y faire face, les acteurs africains doivent tirer la leçon que la sécurité ne peut être sous-traitée. Ils doivent également renforcer leur résilience et consolider leurs partenariats régionaux et internationaux afin de prévenir une aggravation de l'insécurité.
Massiré Diop