Selon les résultats issus de sondages de sortie des urnes du scrutin législatif du 6 octobre 2019 en Tunisie, le parti islamiste Ennahdha et ses alliés arrivent en tête avec une quarantaine de sièges sur les 217 du Parlement. C’est bien loin de la majorité nécessaire pour diriger l’Assemblée nationale et laisse présager d’éventuels compromis avec d’autres forces, dans un nouvel échiquier politique.
Le désaveu des Tunisiens à l’endroit de la classe politique semble avoir néanmoins profité néanmoins au seul parti qui, s’il n’a pas réussi à placer son candidat au second tour de la présidentielle, a gardé une certaine assise. Malgré une importante abstention, le parti islamiste et ses alliés ont réussi à sauver leurs têtes, même si Ennahdha enregistre un recul du nombre de ses députés, de 89 en 2011 et de 69 en 2014, lors du précédent quinquennat.
Le parti semble avoir gardé la main dans ce climat de recomposition politique, en réussissant à faire élire des députés dans les 27 circonscriptions de l’intérieur et à obtenir 18 élus dans les 6 circonscriptions de l’extérieur.
Le poursuivant direct d’Ennahdha est le parti Qalb Tounès, dont le leader, Nabil Karoui, qualifié au second tour de la présidentielle qui doit se tenir ce 13 octobre, est toujours en prison. Quatre autres formations politiques comptent respectivement 19, 17, 16 et 15 élus.
Quelles alliances ?
Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahdha a affirmé la nécessité de trouver un compromis pour gouverner, notamment avec Qalb Tounès, dont il a souhaité la libération du leader. Si les positions ne sont pas unanimes au sein de cette formation quant à une future collaboration avec Ennahdha, 2 autres partis ont déjà exclu la possibilité d’une alliance avec le parti islamiste.
L’équation s’annonce d’ores et déjà compliquée pour Ennahdha, qui devra réunir une majorité de 109 députés pour former un gouvernement capable de diriger le pays, avec une nouvelle configuration politique, un indépendant en tête du premier tour de la présidentielle et une myriade d’indépendants à l’Assemblée nationale.
Si une association avec Al Karama et l’Alliance démocratique semble acquise, il restera à composer avec « les indépendants » et le parti Tahya Tounès du chef du gouvernement sortant, Youssef Chahed, qui était membre d’une coalition avec Ennahdha.
Enfin restent déterminantes l’attitude des millions d’électeurs qui se sont abstenus, manifestant leur rejet de la classe politique tunisienne, et les réserves de certains observateurs qui craignent la création d’un « pays ingouvernable ».
Fatoumata Maguiraga