Le 28 octobre 2020, l’association Tabital Pulaaku dénonçait dans un communiqué la mort de « plus de 24 civils peuls sommairement exécutés par les militaires maliens le 22 octobre 2020 » dans le village de Libé, à Mopti. Cette accusation contre les FAMa vient s’ajouter à la liste de celles portées ces sept dernières années dans le pays. Si dans chaque cas des enquêtes ont été annoncées pour situer les responsabilités et certaines décisions été prises en interne dans l’armée, des difficultés persistent dans l’aboutissement des processus judiciaires.
« Des enquêtes seront conduites pour mettre en lumière tout cas de dérapage avéré », assurait le chef d’État-major général des armées en réponse le 28 octobre aux « rumeurs d’exactions imputées aux FAMa ». D’éventuelles enquêtes qui ne seront pas les premières. Les précédentes ont abouti parfois à la mise en lumière des circonstances et à la prise de sanctions contre les militaires concernés.
« Ce qui relève des FAMa, c’est l’enquête opérationnelle ou militaire. Les militaires peuvent le faire immédiatement et rapidement. Mais ce n’est pas définitif, juste pour établir si toute la procédure militaire a été respectée par les acteurs. Et même si c’est de bonne guerre qu’ils l’ont fait, sans respect des normes opérationnelles, des décisions strictes, surtout militaires, sont prises », explique le Colonel-Major Diaran Koné, chef de la Dirpa.
« Cela a été fait depuis 2015. Je crois même que certains ont été relevés de leurs postes. L’armée a toujours agi lorsqu’il y a eu des cas avérés de non respect total des principes opérationnels ».
Blocus judiciaire
Selon les organisations de défense des droits humains, il n’est pas suffisant d’ouvrir des enquêtes pour aboutir à des sanctions dans l’armée. Maitre Moctar Mariko, Président de l’AMDH, explique que c’est quand les dossiers doivent être transmis au Procureur militaire pour le procès que la procédure se bloque souvent.
« Les seuls cas qui bougent sont ceux dans lesquels la Minusma ou d’autres structures internationales se sont impliquées afin qu’ils atterrissent sur le bureau du Procureur militaire. La justice militaire attend pour ouvrir les enquêtes, mais malheureusement le temps ne s’y prête pas pour le moment », relève-t-il, précisant toutefois que certaines audiences ont été tenues récemment à Ségou.
C’est pourquoi, conclut Maître Mariko, même si les démarches ne bougent pas beaucoup, « on ne peut pas dire qu’elles n’avancent pas ».
Germain Kenouvi