Depuis le 19 août dernier, le Togo est en pleine crise politique. L'opposition, qui fédère nombre de citoyens, exige le retour à l'ordre constitutionnel de 1992 et le départ de Faure Gnassingbé, qui en est à son 3è mandat depuis la mort de son père. Depuis mercredi, des manifestations à l’ampleur inédite, organisées par les deux camps, noircissent les rues du pays. Le Togo vit un tournant historique de son existence.
97,4 %, c’est le pourcentage de la population qui plébisciterait le retour à la Constitution togolaise de 1992 et souhaiterait le rétablissement de la phrase « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats » de l'Article 59, supprimée en 2002 par Eyadema Gnassingbé, père défunt de l'actuel président, selon l’opposition togolaise. Elle défend avec acharnement la limitation à deux mandats présidentiels, et s’est vue renforcée le 17 septembre par le clergé, qui a imploré les autorités d’opérer « urgemment les réformes demandées par le peuple », et par la société civile, dans ce petit pays d’Afrique subsaharienne de 7,6 millions d’habitants, qui n’a jamais connu d’alternance politique depuis l’indépendance.
Battre le pavé pour la démocratie Bien que le pouvoir ait repris les principales revendications de l'opposition, il considère que même avec la restauration de l'Article 59, l'actuel chef de l'Etat pourra légitimement se présenter pour un nouveau mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois. L’opposition dit non et réclame la rétroactivité de la loi constitutionnelle, qui interdirait à Faure Gnassingbé de se présenter à une quelconque élection, étant donné qu’il en est déjà à son troisième mandat. Un débat à couteaux tirés qui entame profondément la cohésion sociale et s’est mué en gigantesques manifestations depuis mercredi, dans tout le pays. « Faure doit partir maintenant ! », « Faure, quitte le pouvoir, ou le pouvoir te quittera ! », sont quelques-uns des slogans répétés en boucle. On assiste à des manifestations antagonistes de large ampleur aux mêmes dates et heures. D’un côté, les partisans du gouvernement marchent « pour soutenir le projet de loi constitutionnelle du gouvernement et pour dire non à la violence ». De l’autre, les partisans de l’opposition souhaitent que la révision de la Constitution s’applique de manière rétroactive en matière de nombre de mandats. La communauté internationale et l’Union africaine observent avec une profonde inquiétude la situation sociopolitique au Togo et son peuple qui se bat pour prendre en main ses destinées.
Olivier DUBOIS