Après un report d’une semaine, quelques 84 millions de Nigérians seront appelés aux urnes ce samedi 23 février pour choisir leur président. 73 candidats sont en lice pour cette présidentielle, mais deux sont présentés comme les grands favoris.
Premier opposant à remporter un scrutin présidentiel depuis l'avènement de la démocratie, Muhammadu Buhari, malgré son âge (76 ans), incarnait le changement et inspirait la confiance au moment de son élection, en 2015. La présidence de l’ancien général aura été ternie par les inquiétudes sur ses capacités physiques à gérer un pays de 190 millions d'habitants.
Et pourtant, malgré ce bilan très critiqué, tant au niveau économique que sécuritaire, « Baba » continue à rassembler des foules impressionnantes dans le nord du pays, d'où il est originaire.
Face à lui se dresse Atiku Abubakar. Ancien Vice-président pendant huit ans (1999 - 2007), il connaît mieux que personne les rouages de la politique nigériane et veut se placer comme le candidat favori du secteur privé et des jeunes.
Réputé être l'un des hommes les plus corrompus du Nigeria, il a pourtant remporté la primaire du Parti populaire démocratique (PDP), le principal parti de l'opposition, en octobre 2018.
À 72 ans, ce scrutin est sa quatrième tentative pour accéder à la présidence. Qualifié « d'opportuniste » par beaucoup, il a changé à chaque fois de parti politique pour pouvoir s'engager dans la course.
Accusations mutuelles
Son parti a accusé le 19 février le gouvernement nigérian de « contrôler » la Commission électorale et de préparer des fraudes massives lors du scrutin de samedi. « Les Nigérians savent très bien que l’INEC (Commission électorale indépendante) est sous contrôle total du gouvernement », a déclaré Uche Secondus, le directeur de campagne, lors d’une réunion d’urgence.
Secondus a directement accusé le Congrès des Progressistes (APC) d’organiser des fraudes massives. « Nous avons la preuve que plus d’un million d’électeurs fantômes vont voter pour ces élections », a-t-il affirmé.
Lundi, l’APC avait également tenu une réunion extraordinaire où le Président Muhammadu Buhari avait appelé l’armée à être « sans pitié » contre les fraudeurs. « Ce sera probablement le dernier acte criminel qu’il (le fraudeur) commettra », a martelé l’ancien général, qui avait déjà dirigé le Nigeria en 1983, pendant la dictature militaire.
Le report des élections présidentielles, législatives et sénatoriales du 16 au 23 février a été très mal vécu. Les deux principaux partis se sont mutuellement accusés de saboter le scrutin. Au micro de RFI, Muda Yusuf, Directeur général de la Chambre de commerce et de l’industrie de Lagos, a confié que les pertes occasionnées par le report étaient estimées à 1,5 milliard de dollars.
Boubacar Sidiki Haidara