Le gouvernement de Narendra Modi a pris la décision de révoquer l'autonomie constitutionnelle du Jammu et Cachemire, seule région à majorité musulmane de l'Inde, le 5 août. L'article 370 de la Constitution lui conférait une grande marge de manœuvre dans la gestion de ses affaires.
Cette décision a été entérinée par décret présidentiel mais doit encore être approuvée par le Parlement indien, où le BJP et ses alliés ont la majorité absolue. La révocation de l'autonomie du Cachemire était une promesse de campagne des nationalistes hindous. Jugée explosive par plusieurs observateurs, elle vise à placer sous une tutelle plus directe de New Delhi cette région rebelle, revendiquée par le Pakistan. Nombre d’habitants de cette zone himalayenne sont hostiles à l’Inde et attachés à l’autonomie qui prévalait depuis les débuts de la République fédérale indienne, il y a sept décennies. En prévision de possibles troubles, les autorités indiennes ont déployé ces dix derniers jours plus de 80 000 paramilitaires supplémentaires dans une région déjà hautement militarisée. Les Cachemiris étaient totalement coupés du monde lundi, les moyens de communication ayant tous été bloqués, les déplacements et rassemblements interdits et les écoles fermées.
Riposte pakistanaise
Au lendemain de la décision, l’armée pakistanaise affirmait qu’elle « ferait tout » pour aider la population. « L’armée pakistanaise est aux côtés des habitants du Cachemire dans leur juste combat », a déclaré le général Qamar Javed Bajwa après avoir rencontré les hauts commandants. « Nous sommes prêts et nous ferons tout pour honorer nos obligations », a-t-il ajouté. Cette déclaration suivait une réunion des principaux chefs militaires du pays à Rawalpindi, ville garnison contiguë à Islamabad, où l’armée a son quartier général. Ses participants ont « totalement soutenu » la position du gouvernement, qui s’oppose à la mesure indienne, a indiqué le général Ghafoor. « Le Pakistan n’a jamais reconnu les prétendus efforts de l’Inde pour légaliser son occupation », a-t-il affirmé. Le Cachemire est divisé de fait entre l’Inde et le Pakistan, qui le revendiquent tous les deux, depuis la partition de l’empire colonial britannique des Indes, en 1947. Les deux frères ennemis d’Asie du Sud se sont livré deux guerres à son sujet.
Une insurrection séparatiste fait rage depuis 1989 au Cachemire indien et a coûté la vie à plus de 70 000 personnes, principalement civiles. New Delhi accuse son voisin de soutenir les groupes armés à l’œuvre dans la vallée de Srinagar, ce que le Pakistan a toujours démenti.
Boubacar Sidiki Haidara