Deux personnes ont été tuées à Sokodé, fief de l’un des principaux partis d’opposition, dans le centre du Togo, le 10 décembre, portant le bilan à au moins quatre morts depuis samedi, journée de violences entre les forces de sécurité et partisans de l’opposition. « Ce matin, les militaires ont bloqué toutes les rues et ont demandé aux enfants de rentrer chez eux », raconte Ouro Akpo Tchagnaou, un député de l’opposition, « un jeune a été tué par balle. » Un témoin de la scène a confirmé à l’AFP que l’homme avait été abattu alors qu’il était sorti de chez lui. Les violences avaient déjà fait au moins deux morts selon les autorités, trois selon l’opposition, à Lomé. Quatre membres des forces de l’ordre ont été blessés et 28 manifestants interpellés, a affirmé le gouvernement dans un communiqué publié samedi soir.
Dialogue rompu
La coalition des 14 partis de l’opposition justifie la manifestation du week-end dernier par le refus du pouvoir de tenir compte de ses revendications, à savoir la mise en œuvre de réformes constitutionnelles et institutionnelles. Selon la coalition, ces réformes devraient déboucher sur la limitation du nombre de mandats présidentiels et la recomposition du bureau de la Ceni, la Commission électorale nationale indépendante. N’ayant pas obtenu gain de cause, l’opposition a donc opté pour le boycott des législatives du 20 décembre prochain.
Le parti au pouvoir reconnait à l’opposition le droit de manifester. Mais Augustin Sambiani Yentema, député du parti au pouvoir Union pour la République, critique la démarche radicale adoptée. « Ils ont le droit de ne pas aller aux élections, mais ils n'ont pas le droit d'empêcher ceux qui veulent aller aux élections d'y aller ». Une démarche défendu par Éric Dupuy, secrétaire national à la communication de l’Alliance Nationale pour le Changement. « Actuellement, nous sommes en période pré-électorale, d’après le régime RPT - UNIR (le parti au pouvoir). Nous sommes en droit également de mener campagne contre ces législatives, qui sont contre-nature et sont en réalité un coup de force contre le peuple togolais. Il faut faire les réformes avant toute élection. Elles sont nécessaires pour que nous puissions avoir pour la première fois au Togo des élections transparentes ».
Plusieurs rendez-vous pacifiques sont prévus au cours des prochains jours, dont « un grand rassemblement citoyen pour la résistance », ce dimanche 16 décembre à Lomé.