Le barrage de la Renaissance est au centre des querelles entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan. Les deux derniers pays s’inquiétant des conséquences de son exploitation.
Le barrage de la Renaissance continue de faire débat. L’Égypte a averti lundi, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, du remplissage du barrage par l’Éthiopie de manière unilatérale. Au cours d’une visioconférence du Conseil de sécurité de l’ONU, le chef de la diplomatie égyptienne a insisté sur le fait que la question était très préoccupante. « Le barrage éthiopien de la Renaissance, construit sur le Nil bleu, pourrait mettre en danger la sécurité et la survie d’une Nation entière en menaçant sa seule source de vie », s’est-il inquiété. Le ton monte à mesure que l’échéance approche. L’Éthiopie souhaite débuter dès le mois de juillet le remplissage du barrage, ce à quoi le Soudan et l’Égypte s’opposent. « Nous lançons un appel au Conseil de sécurité pour qu’il exhorte les parties à négocier de bonne foi pour parvenir à un accord sur le barrage de la Renaissance et à s’abstenir de toute mesure unilatérale jusqu’à la conclusion de cet accord », a souhaité le ministre égyptien. Le contraire pourrait conduire à des crises et conflits qui menaceront la stabilité dans une région déjà en difficulté. Les membres du Conseil de sécurité ont exhorté les trois parties à privilégier le dialogue afin de parvenir à un règlement pacifique du différend. Trois jours auparavant, l’Union Africaine avait convoqué une réunion entre les parties, à laquelle a également pris part le Président malien Ibrahim Boubacar Keita, et les a invitées à engager un dialogue franc.
Un méga-barrage
Le projet éthiopien de méga-barrage suscite des tensions régionales, notamment avec l’Égypte, qui dépend à 97% du Nil bleu pour son approvisionnement en eau. Le Président Abdel Fattah Al-Sissi avait d’ailleurs fin 2019 résumé la situation : c’était une « question de vie ou de mort ». Le barrage sera long de 1,8 km et haut de 145 m. Le Nil bleu prend sa source en Éthiopie et rejoint le Nil blanc à Khartoum, au Soudan, pour former le Nil, qui se termine en Égypte. Le barrage éthiopien de la Renaissance (GERD) doit devenir le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique, avec une production de 6 000 mégawatts. Il doit permettre à l'Éthiopie, 110 millions d’habitants, de se développer et d'accroître sa production d'électricité.
Boubacar Sidiki Haidara