La guerre en Éthiopie est dans une phase critique, avec l'annonce par les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) de la prise de contrôle de deux villes stratégiques du nord de la capitale et de leur fusion avec les insurgés du Front de libération Oromo (FLO).
Les autorités éthiopiennes ont décrété le 2 novembre l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire et appelé les habitants d’Addis Abeba à s’organiser pour défendre la ville en portant des armes. Des dizaines de milliers d'Éthiopiens ont juré le 7 novembre, lors d'un rassemblement pro-gouvernemental à Addis Abeba, de défendre la capitale contre les rebelles tigréens.
De leur côté, les États-Unis ont recommandé à leurs ressortissants de quitter le territoire éthiopien en raison de la détérioration de la situation sécuritaire, à l’instar du Koweït et du Qatar.
Cela reflète la gravité de la situation en Éthiopie, compte tenu des menaces proférées par les rebelles de progresser vers Addis Abeba pour faire chuter le gouvernement d'Abiy Ahmed, d’autant que quelques centaines de kilomètres seulement les séparent de la capitale. Pour le TPLF, la ville n'est pas « un objectif » : « nous ne sommes pas particulièrement intéressés par Addis Abeba, nous voulons nous assurer qu'Abiy ne représente plus une menace pour notre peuple » a assuré Getachew Reda, son porte-parole, cité par l’AFP. Par contre, ils « prendront la ville » si le Premier ministre Abiy Ahmed ne part pas. Une entreprise qui pourrait coûter la vie à de nombreuses personnes, mais le TPLF croit que voir Addis se transformer en bain de sang à son entrée est totalement ridicule. Les efforts diplomatiques s'intensifiaient le 9 novembre pour tenter d'arrêter la guerre, qui dure depuis un an, avec l'espoir que l'Union africaine (UA) parvienne à obtenir un cessez-le-feu avant une possible marche rebelle sur la capitale. « Tous les leaders, ici à Addis Abeba et dans le Nord, sont individuellement d'accord sur le fait que les différences qui les opposent sont politiques et requièrent des solutions politiques à travers le dialogue », a déclaré Olusegun Obasanjo, Envoyé spécial de l’Union africaine. Le Pape François a dit suivre « avec inquiétude la situation dans le pays et renouvelé son appel à la voie pacifique du dialogue ». Le gouvernement éthiopien est engagé depuis novembre 2020 dans une guerre contre les rebelles tigréens qu’ils accuse de défier son autorité et d’attaquer des bases militaires.
Boubacar Sidiki Haidara