Le Président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a gracié le 27 mars 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une marche contre le pouvoir réprimée dans le sang en octobre.
Ces 259 personnes, condamnées pour des « faits d’attroupement non autorisé, de destruction des biens, incendies volontaires, violences et voies de fait, coups et blessures volontaires, troubles à l’ordre public », bénéficient de la grâce présidentielle », peut-on lire dans un décret.
Elles avaient écopé de 2 à 3 ans de prison ferme en décembre, après avoir été arrêtées lors d’une manifestation contre la prolongation de deux ans au pouvoir du Général Déby. Celui-ci avait été proclamé chef de l’État par les militaires le 20 avril 2021, à l’annonce de la mort de son père, le Président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé le Tchad plus de 30 années durant.
Les autorités avaient d’abord annoncé qu’une cinquantaine de personnes avaient péri lors de la manifestation, essentiellement des jeunes, tués par balles dans la capitale par les forces de l’ordre, avant de réévaluer ce bilan à 73 morts. Des ONG avaient cependant dénoncé des chiffres sous-évalués. Selon l’AFP, qui cite le gouvernement, 621 personnes avaient été arrêtées puis acheminées à Koro Toro, une prison de haute sécurité en plein désert, à 600 km au nord de N’Djamena, où elles avaient ensuite été jugées dans un procès de masse, sans avocats ni médias indépendants, après un mois et demi de détention.
C’est la deuxième grâce présidentielle accordée en quelques jours. Le 25 mars, un groupe de 380 rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), condamnés à la prison à vie pour leur implication dans la mort de l’ancien Président Idriss Déby Itno, a bénéficié d’un décret présidentiel. Mais le chef du FACT, Mahamat Ali Mahdi, et 55 autres leaders condamnés à la prison à vie ont été exclus de cette grâce. La Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH) du Tchad a salué les grâces présidentielles accordées par le chef de l’État, qui, selon elle, pourraient amener une transition apaisée.
Cependant, la CNDH a exprimé son regret que cette grâce ne s'applique pas aux dirigeants des ex rebelles condamnés à la prison à perpétuité. La Commission estime que des négociations de paix devront se poursuivre dans un proche avenir pour parvenir à une réconciliation nationale véritable.
Boubacar Sidiki Haidara