A 42 ans Abiy Ahmed est devenu le premier Premier ministre d’Ethiopie. Issu de l’ethnie Oromo, majoritaire du pays, cet ancien lieutenant général de l’armée a été choisi par la coalition au pouvoir du Front Démocratique révolutionnaires des peuples éthiopiens (EPRDF). De nombreux Ethiopiens en particulier ceux de son ethnie espèrent que sa nomination consacre une nouvelle ère dans la vie de leur nation.
S’exprimant lors d’un rassemblement le 15 avril dans la capitale éthiopienne, le nouveau Premier ministre s’est engagé à garantir plus de transparence lors des prochaines élections pour l’opposition qui ne dispose d’aucun député à l’Assemblée nationale. Certains de ses membres arrêtés ont déjà été libérés, dans le cadre d’un apaisement de la situation, malgré le maintien de l’état d’urgence décrété le 15 février 2018. Le rétablissement d’internet dans les zones hors de la capitale, surtout les régions contestatrices a aussi été l’un des actes forts du nouveau Premier ministre, en signe d’apaisement.
Espoirs d'ouverture. Sa nomination intervenue après la démission de son prédécesseur Hailemariam Desalegn (une première dans l’histoire du pays), suscite de nombreuses attentes de la part de ses concitoyens. Alors qu’il s’est engagé à faire de nombreuses reformes, son principal défi sera de réconcilier ses compatriotes, meurtris par des mois d’affrontements sanglants avec les autorités. Ces manifestations débutées en fin 2015, auraient fait plus de 900 morts et fait plus d’un million de déplacés internes. Pour son premier déplacement, il a d’ailleurs choisi de se rendre dans la région Ethio- Somali où il a réaffirmé son ambition d’instaurer une paix durable entre Oromo et Somali.
« Nous devons continuer à construire un pont inébranlable pour la nouvelle génération en réalisant de nouveaux succès grâce à notre unité », a notamment déclaré Abiy Ahmed. Pour relever ce défi, le nouveau chef du gouvernement compte sur la patience et l’accompagnement des jeunes de son ethnie, qui s’étaient majoritairement révoltées contre la marginalisation dont ils font l’objet de la part des autorités. « Nous avons besoin de votre contribution, nous voulons travailler avec vous, main dans la main et nous voulons concrétiser nos promesses », a ajouté le Premier ministre.
Attendu pour une plus grande ouverture, en raison des dérives reprochées au gouvernement de son prédécesseur, le nouveau chef de l’exécutif du deuxième pays africain le plus peuplé suscite également l’espoir des milliers de jeunes qui ont aussi soif de libertés individuelles.
Fatoumata Maguiraga