L’opposition béninoise est plus que jamais déterminée à prendre part aux élections législatives du 28 avril prochain. C’est à cette fin qu’une marche a été organisée le lundi 11 mars dans la capitale économique, Cotonou.
Pour les opposants, la rencontre tenue la semaine dernière avec le chef de l’État n’a pas débloqué la crise politique en cours. « Oui, cette marche était nécessaire pour que le régime en place comprenne qu’il est en train de glisser sur une mauvaise pente. Le président Talon pense qu’on peut diriger un pays avec les muscles. Tous les partis n’ont pas de députés à l’Assemblée. Donc il s’agit regrouper toutes les forces politiques pour échanger sur la question », insiste Basile Ahossi, député à l’Assemblée Nationale et membre de l’opposition. « Trop c’est trop. Que toutes les forces politiques aillent aux élections sur la base des anciennes lois. Quand on ne sait pas où l’on va, on doit pouvoir retourner d’où l’on vient », renchérit Alexandre Hountondji, un autre dirigeant de l’opposition.
Alors que les organisateurs de la marche affirment avoir dépassé le cap des 40 000 manifestants, le camp présidentiel n’y voit rien d’extraordinaire. « On ne peut pas parler d’une démonstration de force. Si l’opposition voulait être conséquente, elle aurait pu réunir plus de monde. Quand on voit un peu tous les rebondissements liés à ces élections, on est droit de se poser mille et une questions. Dans tous les cas, les jours à venir vont mieux nous éclairer », déclare Richard Agblaka, membre fondateur du Bloc républicain, qui soutient le président Talon.
Le processus électoral au Bénin bat de l’aile. Plus de cinq millions d'électeurs béninois sont attendus aux urnes le 28 avril pour renouveler les 83 sièges de l'Assemblée nationale. Le 5 mars, la Commission électorale (Cena) a confirmé la liste des partis politiques qui y prendront part. Celle-ci ne comporte que deux formations, soutenant l’une et l’autre le chef de l’État : l’Union progressiste et le Bloc républicain. Face au tollé déclenché dans le pays, le président Talon a reçu dans la foulée les représentants de plusieurs partis et proposé de s'en remettre au Parlement pour « sortir de l’impasse », mais l'opposition a boycotté la rencontre. Le président Talon, élu en mars 2016, est régulièrement accusé de dérives autoritaires. Plusieurs opposants ont fait l'objet de poursuites judiciaires ces derniers mois dans le cadre d'une lutte contre la corruption qualifiée de chasse aux sorcières par ses détracteurs.
Boubacar Sidiki Haidara