La Libye est en proie à une escalade de la violence, concentrée autour de sa capitale, au centre des convoitises. Depuis le jeudi 4 avril, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, et son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), mènent l’assaut vers Tripoli, au prix de violents combats avec ses rivaux du Gouvernement d’union nationale (GNA), affrontements qui ont déjà provoqué la mort d’au moins 35 personnes, forçant à se déplacer plus de 3 400 autres.
Le lundi 8 avril, l’ANL a revendiqué un raid aérien contre l’aéroport de Mitiga, dans la banlieue est de Tripoli, ce qui a provoqué la suspension immédiate des vols et l’évacuation de l’aéroport, même si l’attaque n’a pas fait de victimes.
Le GNA a dénoncé l’attaque contre l’aéroport, considérée comme « un crime de guerre et un crime contre l’humanité », et a promis de poursuivre ses auteurs devant la justice.
Dans la soirée, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a « fermement condamné l’escalade » de la violence autour de la capitale libyenne et appelé à « un arrêt immédiat » des combats. Il a demandé à « toutes les parties d’engager immédiatement le dialogue afin de trouver une solution politique ».
Conférence maintenue
Le maréchal Haftar est appuyé politiquement par une autorité basée dans l’est du pays. Il est soutenu par l'Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis. Dimanche 7 avril, une résolution visant à appeler à la cessation de l'avancée des hommes du maréchal Haftar, présentée devant le Conseil de sécurité de l'ONU, a été bloquée par la Russie, ce pays souhaitant que des avertissements soient lancés aux deux camps et non à un seul.
Outre les régions orientales, les forces de Haftar ont étendu leur emprise sur le sud de la Libye et visent désormais l’ouest, où est située Tripoli. Mais elles font face au GNA, reconnu par la communauté internationale et soutenu notamment par de puissantes milices basées dans l’ouest. Le GNA a entamé une contre-offensive nommée « Volcan de la colère » pour « nettoyer toutes les villes libyennes des agresseurs » liés à Khalifa Haftar.
Les violences actuelles interviennent avant une conférence nationale sous l’égide de l'ONU à Ghadamès (sud-ouest), censée dresser une « feuille de route » pour stabiliser le pays avec la tenue d’élections. Ghassan Salamé, le médiateur de l’ONU, a assuré que cette conférence était maintenue aux dates prévues, du 14 au 16 avril, sauf en cas de « circonstances majeures ».
Boubacar Sidiki Haidara