L’Afrique du Sud est le théâtre depuis le dimanche 1er septembre d’une nouvelle vague de violences et de pillages à caractère xénophobe. Depuis plusieurs années, le pays est en proie à ce type d’hostilités à l’égard des étrangers.
Dans le centre de Johannesburg, des centaines de personnes armées de gourdins et de pierres ont incendié et pillé de nombreux magasins, souvent tenus par des commerçants étrangers, notamment des Nigérians.
Le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama a vivement réagi à ces scènes de pillages. « Ça suffit ! Nous allons prendre des mesures », a-t-il lancé sur Twitter, dénonçant « l’inefficacité » de la police sud-africaine. Ces violences se sont poursuivies lundi et mardi, alors que la police avait déployé un dispositif visant à empêcher la réminiscence de ces actes.
Les émeutes ont débuté après la mort de trois personnes dans l’incendie encore inexpliqué d’un bâtiment du centre ville de Johannesburg, avant de se propager à d’autres endroits de la capitale économique, puis à Pretoria, la capitale politique, située à une soixantaine de kilomètres. Le ministre des Finances Tito Mboweni a déploré les incidents de lundi. « L’expérience montre que les pays ouverts à l’immigration ont une activité économique plus dynamique », a-t-il rappelé.
Plus de 110 personnes ont été arrêtées, selon les derniers chiffres des autorités, qui ont également fait état du meurtre d’un civil dans des circonstances qui restent à éclaircir.
Le ministre de la Police Bheki Cele s’est entretenu le mardi 3 septembre à Johannesburg avec des responsables de plusieurs foyers de travailleurs soupçonnés d’abriter des émeutiers.
Routes bloquées
Plusieurs axes l’étaient dans certaines régions comme le Kwazulu Natal (Durban) où, selon la police, plusieurs camions ont été incendiés par des routiers. D’autres, en colère, ont par ailleurs bloqué des routes autour du Cap (sud-ouest), la deuxième ville du pays, y causant de gigantesques embouteillages, a déploré le ministre provincial des Transports Bonginkosi Madikizela. Les principaux syndicats du secteur routier ont condamné les violences et pris leurs distances avec ce mouvement.
Depuis plus d’un an, la colère monte au sein du secteur routier sud-africain, les chauffeurs nationaux dénonçant la place prépondérante prise par leurs collègues étrangers, souvent sans-papiers et moins bien rémunérés qu’eux.
En 2015, sept personnes ont été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.
Boubacar Sidiki Haidara