En annonçant le 10 février sa décision de briguer un cinquième mandat, le parti du chef de l’État algérien, au pouvoir depuis 1999, a mis fin à de longs mois d’incertitude, mais aussi déclenché une contestation inédite depuis des années, de par son ampleur nationale, la mobilisation et les slogans le visant directement, lui et son entourage.
Environ 500 étudiants étaient regroupés le mardi 26 février aux cris de « Non au 5ème mandat ! », « Bouteflika dégage ! », « Algérie libre et démocratique ! », à l’intérieur de la faculté centrale. Les agents de sécurité de l’université ont cadenassé les grilles pour empêcher les étudiants de sortir, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.
« Pas en mon nom ! », était l’un des mots d’ordre de la contestation de mardi, qui a été lancée sur les réseaux sociaux après le soutien affiché de onze associations estudiantines à la candidature de M. Bouteflika. Les étudiants voulaient montrer que ces associations ne parlaient pas en leur nom. Des enseignants et universitaires ont appelé leurs collègues à se joindre aux étudiants.
« Nous avons le devoir d’incarner la voix du peuple, qui se lève contre un système politique devenu une véritable menace pour notre avenir et la stabilité du pays », expliquent-ils dans ce texte. Avant les étudiants, des milliers de manifestants avaient eux aussi, la semaine dernière, exprimé leur refus d’un cinquième mandat.
Les « urnes trancheront »
Lundi, les autorités algériennes ont répondu pour la première fois aux protestataires, en écartant l'hypothèse d'un renoncement d'Abdelaziz Bouteflika et en affirmant que les « urnes trancheront ». « Les élections auront lieu dans moins de deux mois et chacun choisira librement », a déclaré le Premier ministre Ahmed Ouyahia, alors que le délai de dépôt des candidatures expire ce dimanche à minuit.
Il a également mis en garde les Algériens « contre les risques de dérapages sérieux ». Le directeur de campagne du Président, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, a quant à lui défendu son candidat face aux manifestants, en assurant « Bouteflika est le seul qui est capable de mener l’alternance générationnelle ». Sellal a par ailleurs déploré « qu’une minorité d’Algériens a oublié ce que nous avons vécu durant les années 90 », lors de la guerre civile ayant endeuillé le pays et dont Bouteflika est crédité d’avoir mis fin.
Boubacar Sidiki Haidara