Au Burkina Faso, l’ex-premier ministre, Yacouba Isaac Zida est sur la sellette. Alors que son autorisation d’absence a expiré depuis cinq mois, il refuse d’obéir aux injonctions du président Kaboré qui réclame son retour pour répondre de ses actes.
Yacouba Isaac Zida est dans la tourmente. Après avoir vu contrecarrés ses projets d’être nommé ambassadeur du Burkina Faso à Washington en décembre dernier, le général de division est resté à Ottawa auprès de sa famille et ne semble plus vouloir regagner son pays. Depuis le 19 février 2016, date à laquelle sa permission d’absence a échu, le président Roch Marc Christian Kaboré lui demande de rentrer au pays. Dans la nuit du dimanche au lundi 6 juin, de retour du sommet de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le chef de l’État a déclaré : « J’ai toujours rappelé (…) qu’il était indispensable et obligatoire qu’il rentre parce que quand on assume des responsabilités à un certain niveau, on a un devoir de rendre compte, un devoir d’explication». On l’aura compris, le refus du général Isaac Zida d’obéir à la sommation du président, ministre de la Défense qui plus est, tient au fait que son nom est cité dans le rapport officiel de l’Autorité supérieure de contrôle de l’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), qui l’accuse de détournement d’argent public et d’enrichissement illicite.
L’ex-numéro deux du Régiment de sécurité présidentielle, arrivé sur la scène politique en novembre 2014 après la chute de Blaise Compaoré, devrait aussi rendre des comptes sur un lot de parcelles à Ouaga 2000, auquel il a d’ailleurs renoncé en avril. À sa demande d’une mise en situation d’évacuation « sanitaire », le président oppose un refus catégorique, et s’avance jusqu’à menacer de le considérer comme un militaire « en désertion ». D’autant que Zida se trouve sans soutien, l’état-major de l’armée considérant qu’il a usurpé son grade de général de division. Il va sans dire qu’au-delà de l’ancien Premier ministre, c’est un pan du voile qui se lève sur une transition pourtant considérée comme exemplaire.
Boubacar SANGARE