Emmanuel Macron a entamé le 27 novembre sa première tournée africaine. A Ouagadougou, première étape de ce voyage en trois temps, il s’est adressé à la jeunesse africaine. Mercredi et jeudi à Abidjan, pour le sommet Union Africaine - Union Européenne, puis au Ghana, le Président français veut imprimer un nouveau tempo à la relation entre la France et l’Afrique. Très peu convaincant cependant, pour l’écrivain et journaliste du Monde Afrique Seidik Abba.
Qu’en avez-vous pensé du discours de Ouaga à la jeunesse africaine ?
Il n’y a rien eu de nouveau. Même sa phrase sur la fin de la Françafrique est un non-évènement. Ses deux prédécesseurs avaient fait le même type d’annonce, pris les mêmes engagements, sans qu’on en arrive au « démantèlement de la Françafrique », comme le disait Hollande, dont la fin du mandat a vu la plus belle embellie de ce système depuis des décennies. Il lui faudra poser des actes pour convaincre.
Les grands axes du discours de Ouaga ont été élaborés, selon l’Élysée, par le Conseil Présidentiel pour l’Afrique. Le CPA a donc tiré à côté ?
Je doute l’efficacité de ce CPA, qui est un conseil informel. J’ai discuté avec certains de ses membres, qui disent qu’ils ne peuvent que conseiller et qu’ils n’ont aucune influence directe sur les choses. La preuve en est qu’après les propositions présentées au Président Macron lors d’un diner, peu avant son départ pour Ouagadougou, la mouture du texte a été faite par les conseillers de Macron et ça a donné ce discours. En plus, ce CPA est éparpillé, et il n’y a donc pas une régularité de la réflexion stratégique sur l’Afrique. On veut rassembler comme ça des idées éparses de gens qui vivent, qui en France, qui au Kenya, ou ailleurs… Cela ne servira pas à faire une véritable politique africaine de la France.
Le sommet UA - UE d’Abidjan s’achève ce jeudi. Quels résultats en attendre ?
Peut-être que son intérêt résidera dans les échanges bilatéraux et les discussions sur des sujets comme le Sahel, etc. Mais le format de grosse rencontre entre une centaine de pays n’a jamais donné quelque chose de concret. S’il y a une annonce sur le financement du G5 Sahel, ou encore une initiative européenne en ce qui concerne le sort des migrants en Lybie, comme l’a proposé Macron à Ouagadougou, ce sera cela de gagné. Autrement, je ne m’attends pas à grand-chose à la fin de ce sommet, qu’à des déclarations.
Après Abidjan, Emmanuel Macron se rend au Ghana. Pourquoi ce pays ?
Il y a la raison politique, celle de montrer que la France s’intéresse à des pays hors de ce qu’on a appelé son « pré-carré ». Le Ghana est quand même un pays qui se porte bien, où la stabilité s’est installée, avec une alternance pacifique. Sans oublier que c’est la deuxième économie d’Afrique de l’Ouest et que la France économique n’y est pas très présente.
Célia d’Almeida