L’élection présidentielle malienne du 29 juillet prochain au Mali suscite de l’intérêt bien au-delà du pays et la presse internationale en parle beaucoup. Situation sécuritaire au centre et au nord et principaux défis à relever pour un bon déroulement du scrutin sont les sujets les plus traités.
« Présidentielle 2018 au Mali : entre incertitudes et craintes », a titré Deutsche Welle le 5 juillet dernier, mettant l’accent sur le contexte sécuritaire fragile qui prévaut dans certaines localités. « Alors que la campagne est en cours, le conflit communautaire entre Peuls et Dogons continue d’être une source de préoccupation… De nouveaux affrontements ont été signalés ces derniers jours dans le village de Bambou, situé dans le cercle de Koro. Une situation qui risque d’entacher l’organisation de ce scrutin » écrit Eric Topona, l’auteur de l’article.
Au conflit communautaire entre les Peuls et les Dogons s’ajoutent, selon le confrère, d’autres facteurs qui risquent de plomber la bonne organisation de la présidentielle du 29 juillet. « Comme en 2013, les habitants des villes qui échappent au contrôle des autorités maliennes risquent de ne pas accomplir leur devoir civique ». .
Même sonnette d’alarme chez nos confrères de « Le Point Afrique », qui, après avoir mis en avant l’insécurité, s’attardent sur le processus de sécurisation du scrutin. « Pour sécuriser le processus, près de 30 000 hommes sont mobilisés, selon la Commission sécurité pour les élections de 2018. Les forces de défense et de sécurité du Mali, les forces internationales, mais aussi les ex-combattants des groupes armés seront déployés sur le terrain. Parmi eux, certains auront pour tâche la protection des candidats. Les soldats maliens sécuriseront les centres de vote notamment. Dans le nord du pays, ils seront accompagnés par le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), qui regroupe militaires et anciens combattants des groupes signataires de l'Accord de paix », relève l’article, daté du 9 juillet 2018.
Insécurité et désintérêt De son côté, Africanews.com évoque dans un article publié le 12 juillet « un Mali quasiment suffocant qui organise son élection présidentielle ». John Ndinga Ngoma, l’auteur de l’article, pointe du doigt la participation. « Si l‘ère Traoré est bien loin derrière les Maliens, les chiffres inhérents à l‘élection du 29 juillet dissimulent mal plusieurs défis non moins importants. Notamment la participation de la population, en raison du désintéressement, et même de la résignation, de tout un peuple, visiblement dépassé par une classe politique qui peine depuis les indépendances à proposer des solutions idoines aux problèmes socio-économiques » déplore-t-il.
Pour lui, en rêvant de la magistrature suprême, chacun des 24 prétendants à la présidentielle du 29 juillet devrait faire feu de tout bois pour proposer une alchimie sécuritaire des plus rassurantes. L’application de l’Accord de 2015 entre le gouvernement, les groupes loyalistes et les ex rebelles du nord du Mali devraient aussi figurer dans le chapelet des challenges du futur président.
« IBK (73 ans) qui brigue un deuxième mandat « par amour du pays » sait donc ce qu’il doit dire et faire pour régner encore pendant cinq ans. Idem pour les 23 autres prétendants dont Soumaïla Cissé (68 ans), « l’espoir du Mali », qui tient lui aussi à goûter aux délices du palais présidentiel de Koulouba. Ils ont jusqu’au 27 juillet pour convaincre et répondre aux attentes des populations », rappelle Ngoma.
La crainte de possibles fraudes durant le scrutin n’est pas écartée. Pour la consœur du journal Le Monde, Morgane Le Cam, la carte d’électeur biométrique qui remplace la carte NINA est adossée au numéro d’identification national que peu de Maliens possèdent. Lors de la présidentielle de 2013, l’utilisation de la carte NINA avait déjà donné lieu à de fortes suspicions de fraudes. Un quinquennat plus tard, le tir semblait rectifié, mais la révision de la loi électorale adoptée par l’Assemblée nationale le 23 avril a semé le doute, souligne Le Monde. « Un nouvel article dispose qu’en cas de non-disponibilité des cartes d’électeur biométriques pour cause de force majeure, la carte NINA tiendra lieu de carte d’électeur, la décision d’invoquer le cas de force majeure étant laissée à la discrétion du ministre de l’administration territoriale », écrit Morgane Le Cam.
Concernant l’issue du scrutin, les pronostics vont bon train. Difficile d’imaginer un vainqueur au premier tour. « Ils en sont tous convaincus : cette fois, Ibrahim Boubacar Keïta ne pourra pas gagner. Et encore moins dès le premier tour, comme certains des partisans du Président sortant aiment à le pronostiquer », rapporte Benjamin Roger pour Jeune Afrique. Pour contrer les favoris, des challengers s'imposent peu à peu dans le jeu électoral, remarque pour sa part Le Point Afrique. C'est le cas d'Hamadoun Touré, un ancien fonctionnaire international, ou de Modibo Sidibé, ancien Premier ministre, ou encore d'Oumar Mariko. D'autres encore font figure d'outsiders, comme Cheick Modibo Diarra, l'astrophysicien de la Nasa, ancien Premier ministre sous la transition de 2012. Qui sera élu parmi les 24 candidats en lice ? Le suspense reste entier.
Germain KENOUVI