Après son inculpation, sa libération, puis sa mise sous contrôle judiciaire, le leader de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko, chef du parti PASTEF, est plus que jamais décidé à entamer la « révolution vers 2024 ». Lors d’un point de presse, le 8 mars 2021, il a fustigé le Président Macky Sall et son régime et exigé « une charte de bonne gouvernance » de ce dernier.
Accusant les autorités d’avoir plongé le pays dans cette situation, il a dénoncé leur « complot pour le liquider ». Rejetant l’accusation portée contre lui pour viol, il a invité la population à rester déterminée face aux enjeux. Mettant sur les autorités la responsabilité des actes commis, il a exigé notamment l’indemnisation des victimes, l’ouverture d’une enquête et la libération de « tous les détenus politiques ». Ousmane Sonko a aussi plaidé pour que soit rendus à Khalifa Sall et à Karim Wade leurs droits civiques, avant d’exiger de Macky Sall qu’il déclare solennellement qu’il ne se présentera pas à un troisième mandat.
Calme précaire
Le Président Sall a invité les Sénégalais à éviter la logique d’affrontement. Si le discours, intervenu après la libération de l’opposant, coïncide à un retour au calme après plusieurs jours d’émeute, la bataille semble commencer. L’opposant de 46 ans, qualifié d’anti système par les uns et souvent de populiste, semble vouloir engager la lutte. D’abord pour « que la vérité éclate » à propos de l’accusation de viol et de menaces de mort dont il fait l’objet. Mais aussi et résolument sur le terrain politique.
En ligne de mire, l’élection présidentielle prévue en 2024. L’opposant, arrivé troisième en 2019 y voit une opportunité, tandis que les détracteurs du Président Sall le soupçonnent de vouloir briguer un troisième mandat.
Mais, face à la soudaine montée de fièvre enregistrée les jours qui ont suivi l’arrestation de M. Sonko, les appels au calme semblent bien insuffisants. Une crise sanitaire, une crise économique et une jeunesse en quête d’emplois, les enjeux vont bien au-delà de la libération d’un opposant.
Alors que les manifestations prévues les 9 et 10 mars 2021 ont été suspendues, des voix s’élèvent pour regarder au-delà de l’immédiat. « Actuellement, ce qu'il faut à l'opposition, c'est l'unité et la cohésion pour gagner le combat enclenché. C'est pourquoi j'estime que l'opposition ne doit pas se pencher sur cette question du statut du chef de l'opposition », a notamment indiqué Mamadou Diop Decroix, Secrétaire général du parti And Jëf/PADS.
Fatoumata Maguiraga