L’année 2016 s’en va et 2017 s’annonce sous le signe de l’alternance, en Afrique comme ailleurs. Aux ÉtatsUnis, la première puissance du globe, l’installation de Donald J. Trump, va à coup sûr bousculer les relations internationales.
L'ère Trump Le 20 janvier 2017, la planète toute entière sera tournée vers Washington où se déroulera l’investi- ture de Donald J. Trump, 70 ans, magnat de l’immobilier et candidat républicain, qui n’a jamais exercé de mandat électif. Élu le 8 novembre dernier, il a déjoué tous les pronostics et s’est imposé dans la course à la Maison Blanche face à sa rivale Hillary Clinton, la candidate démocrate, à laquelle les électeurs reprochaient surtout ses ac- cointances avec l’establishment. Enrico Letta, ancien Premier ministre italien, a dit de son élection qu’elle est l’évènement le plus important depuis la chute du mur de Berlin. Et pour nombre d’analystes politiques, l’ère Trump risque bien de marquer l’histoire. Elle « aura des conséquences importantes, que ce soit aux États-Unis même, ou dans les relations internatio- nales ». Il faut effectivement s’attendre à une décrispation des relations avec la Russie : « il est clair que l’élection de Donald Trump est porteuse d’espoir pour les relations avec la Russie, et que la posture de confrontation adoptée par Washington, que ce soit sur l’Ukraine ou sur la Syrie, ne sera pas maintenue. C’est aussi un point positif de cette élection. Souhaitons que cela soit aussi compris dans les pays euro- péens qui ont - stupidement - décidé de maintenir les sanctions contre la Russie », analyse Jacques Sapir, économiste français, directeur d’études à l’EHESS, dans Le Figaro. Mais les rapports risquent d’être tendus avec l’Iran qu’il a promis de mater et où, en mai 2017, le Président Rohani, artisan de l’accord sur le nucléaire avec les Occidentaux, briguera un second mandat.
Dans l’Hexagone
En France, les électeurs iront aux urnes en avril 2017 pour élire le successeur de François Hollande qui ne se représentera pas. D’ores et déjà, le discours déculpabilisé sur la colonisation du candidat des Républicains, François Fillon, révulse sur le continent africain. Et comme l’ancien Président Nicolas Sarkozy, il prône la fin de la « Françafrique », ce vaste réseau d’influences et des mécanismes politiques, économiques et militaires qui lient la France à ses anciennes colonies afri- caines. En attendant le candidat qui sera issu de la primaire de la gauche fin janvier,on ne peut que le prendre au mot.
Suspenses africains
L’alternance est en marche également en Afrique où les peuples semblent décidés à balayer cette leçon électorale de l’ancien président congolais Pascal Lissouba (que l’on prête souvent à Omar Bongo), qui disait qu’ « on n’organise pas les élections pour les perdre ». Le Ghana, désormais modèle démocratique du continent, verra l’arrivée au pouvoir de l’opposant Nana Akufo-Addo, élu le 7 décembre dernier. Les yeux seront rivés, dans l’inquiétude d’un scénario à la gambienne, sur l’Angola où, José Edouardo dos Santos, 74 ans, a décidé de céder sa place en 2017. En ce qui concerne justement la Gambie, le revirement de Yahya Jammeh, qui a contesté les résultats de l’élection de décembre après les avoir accepté, laisse le suspense entier quant à la prise de fonction d’Adama Barrow, prévue en janvier. Beaucoup de ques- tions subsistent enfin en République démocratique du Congo, où Joseph Kabila, dont le dernier mandat constitutionnel est échu depuis le 20 décembre, a nommé un nouveau gouvernement le 19 décembre… Les attentes restent grandes sur le continent vis-à-vis des présidents qui entreront en fonction en 2017. « Pour moi, le changement en Afrique ne pourra se faire que collectivement à travers les commu- nautés économiques régionales d’abord et à travers l’Union africaine ensuite », affirme Seidik Abba, journaliste et essayiste. Il n’empêche que l’année 2017 s’annonce, en Afrique comme ailleurs, sous le signe d’un bouleversement politique qui augure une nouvelle ère.
Boubacar SANGARÉ