Les liens de coopération entre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée se sont renforcés ces derniers mois. Cela peut-il aboutir à une fédération? L’idée tient à cœur au Premier ministre du Burkina Faso et elle pourrait faire son chemin d’ici la fin des transitions dans les trois pays, qui en poseraient les jalons.
Le sujet et ses différents aspects de mise en œuvre ne sont pas encore véritablement en discussions formelles entre les plus hauts dirigeants des trois pays. Mais le Premier ministre burkinabé, Apollinaire Kyelem de Tembela, a fait de l’idée de fédéralisme (entre d’abord le Mali et le Burkina puis la Guinée, qui les rejoindra) un rêve à concrétiser.
Il en a émis l’idée pour la première fois lors de sa visite à Bamako, le 1er février, devant ses compatriotes à l’ambassade du Burkina Faso. Selon lui, si cette fédération venait à se créer, elle pourrait être une puissance sur le plan économique vu les potentialités dont regorgent les différentes pays.
Le Chef du gouvernement burkinabé a réitéré son souhait en marge de la rencontre tripartite entre les ministres des Affaires étrangères des trois pays à Ouagadougou, le 9 février 2023, dans le « cadre des consultations politiques sur des sujets d'intérêt commun ».
« Si nous nous retrouvons, c’est pour essayer de mettre en commun ce qui nous réunit, de mettre de côté ce qui pourrait nous diviser. Nous devons jeter les bases qui vont permettre de réaliser ce rêve », a-t-il insisté, soutenant que la transition que traversent les trois pays n’était pas le fruit d’un hasard, mais plutôt le « résultat de la lutte de chaque peuple, qui a refusé une certaine dictature ».
Fédération « enviable »
Les trois pays réunis disposeraient d’importants atouts dans la sous-région ouest africaine. Sur le plan économique, cette fédération constituerait un marché économique global dans un espace de plus de 57 millions d’habitants, soit un peu moins de la moitié de l’espace UEMOA (137 millions d’habitants).
Pour Siaka Coulibaly, consultant et chercheur indépendant burkinabé, ce marché permettrait de rendre viable un projet de monnaie commune. Les échanges commerciaux pourraient également s’intensifier et se fluidifier entre les différentes grandes villes des trois pays. Le premier acte concret de cette future fédération pourrait être la réalisation prochaine d’un chemin de fer reliant les trois capitales, Ouagadougou, Bamako et Conakry pour « permettre de mener une politique d’intégration ».
Selon les explications du Premier ministre burkinabé, la fédération des trois pays ne sera pas synonyme d’unicité ou d’uniformisation, mais plutôt une gestion d’ensemble des aspects de la souveraineté. Chaque État garderait ses principes clés, liés à ses réalités socioculturelles.
Mohamed Kenouvi