Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine a lancé un ultimatum de 15 jours à la junte militaire soudanaise pour qu'elle transfère le pouvoir à une autorité politique dirigée par des civils, sous peine d'être suspendue par l'organe panafricain.
Dans une déclaration faite à l'issue d'une réunion à son siège à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, le Conseil a déclaré qu'une « transition menée par les militaires serait totalement contraire aux aspirations du peuple du Soudan ».
L'UA a exigé que le conseil militaire « se retire et cède le pouvoir à une autorité politique civile de transition » dans un délai maximum de 15 jours, faute de quoi le Soudan se verrait interdire de participer aux activités de l'organisation africaine jusqu'au rétablissement de l'ordre constitutionnel, a déclaré le Conseil.
Le Conseil appelle l'autorité civile qui sera au pouvoir à mener « un processus inclusif et consultatif impliquant tous les acteurs et intervenants politiques soudanais » afin de trouver un accord sur les modalités de la transition menée par cette autorité civile.
Pressions accrues
Succédant au général Ibn Ouf, resté seulement 24 heures à la tête du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane, le nouvel homme fort du Soudan, s'est, selon le ministère des Affaires étrangères du pays, « engagé à instaurer un gouvernement entièrement civil », mais sans donner de calendrier.
Dimanche 14 avril, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont appelé les militaires à entamer un dialogue avec toutes les parties du pays pour mener à bien le transfert du pouvoir aux civils.
« Cela doit se faire rapidement et de manière crédible, avec les organisateurs de la contestation, les chefs de l'opposition, des représentants d'organisations civiles et avec toutes personnes de la société civile dont la présence serait justifiée, en incluant des femmes », ont ajouté ces trois pays.
Le ministère des Affaires étrangères soudanais a appelé dimanche la communauté internationale à « soutenir le Conseil militaire de transition » afin de « réaliser une transition démocratique ».
Mardi 16 avril, des milliers de personnes ont répondu à l'appel de l’Association des professionnels soudanais (SPA) pour protéger la « révolution » et ont afflué devant le QG militaire avec un message clair : la destitution jeudi par l'armée du président Omar el-Béchir et les promesses du Conseil militaire d'instaurer un gouvernement civil sans donner aucun calendrier, ne suffisent pas. Les manifestants souhaitent éviter un « syndrome égyptien ».
Boubacar Sidiki Haidara