Lancé en 2013, le projet des Nouvelles routes de la soie, estimé à 1 200 milliards de dollars, doit rallier la Chine à l'Europe et à l'Afrique par des voies terrestres, ferroviaires et maritimes, grâce à la construction de gigantesques infrastructures. Les États-Unis et l'Europe ne voient pas ces investissements d'un très bon œil.
Le projet est au cœur des tensions commerciales actuelles entre la Chine et l’Union européenne. En visite de trois jours en France cette semaine, le Président chinois Xi Jinping s’est d’abord rendu en Italie, le vendredi 22 mars, pour signer une série d’accords, notamment sur les « Nouvelles routes de la soie », un pharaonique et controversé programme d’investissements piloté par la Chine pour étendre sa zone d’influence grâce à la construction d’infrastructures gigantesques.
Ports, autoroutes, liaisons ferroviaires… Plusieurs chantiers, essentiellement financés par la Chine, ont d’ores et déjà débuté en Asie et en Afrique. L’UE n’a donc pas vu d’un très bon œil le rapprochement entre l’Italie et la Chine. Ces routes « ne peuvent être celles d'une nouvelle hégémonie », qui placerait en « vassalité » les pays traversés, s'alarmait en janvier 2018 Emmanuel Macron.
Plusieurs pays européens déjà intégrés
En participant aux Routes de la Soie, l'Italie espère muscler ses exportations vers la Chine, argumente le sous-secrétaire d'État italien Michele Geraci. Les États-Unis restent pour leur part sceptiques: « nous doutons que les Italiens en retireront des gains économiques durables. Cela pourrait (au contraire) ternir la réputation du pays », a averti Garrett Marquis, responsable de la Maison Blanche, cité par le Financial Times.
Plusieurs pays de l'UE ont déjà conclu des protocoles d'accord pour rejoindre les Routes de la Soie, mais l'Italie – 3ème économie européenne - serait le premier membre du G7 à s'y rallier. La Grèce a cédé en 2016 son port du Pirée au géant chinois du fret Cosco, qui contrôle également en Espagne les ports à conteneurs de Valence et Bilbao. Le Portugal a aussi tissé d'étroits liens avec Pékin à la faveur de la crise financière, recevant 6 milliards d'euros de capitaux chinois, qui ont ciblé sa première banque privée, l'assureur Felidade et le gestionnaire du réseau électrique (REN).
En République tchèque, une visite de Xi Jinping en 2016 avait scellé des investissements massifs du chinois CEFC dans des médias, le transport aérien et un club de football. Le patron de CEFC, Ye Jianming, avait même été nommé conseiller du président tchèque Milos Zeman.
Boubacar Sidiki Haidara