Prévu pour le 7 novembre 2017, le second tour de la présidentielle au Libéria a été suspendu sine die par la Cour Suprême du pays. La juridiction reproche à la Commission Nationale Electorale (NEC) de n’avoir pas tenu compte des recours contre les défauts d’organisation et les fraudes massives dénoncés lors du 1er tour.
La haute juridiction a « interdit à la NEC de tenir tout scrutin avant d’examiner » les recours déposés par Charles Brumskine, arrivé 3ème au 1er tour de la présidentielle, le 10 octobre 2017. L’actuel Vice-président, Joseph Boakai, a rejoint Brumskine pour dénoncer des irrégularités et fraudes, mais il souhaite une reprise totale du processus, avec le remplacement des membres de la NEC, gage selon le Parti de la liberté d’un scrutin crédible.
Position pas du tout partagée par le camp de l’ex star du foot Georges Weah, arrivé en tête du 1er tour. L’un de ses porte-paroles explique que les problèmes soulevés dans la plainte ne justifient pas une reprise de tout le processus. Le Président en exercice de l’Union Africaine, Alpha Condé et celui de la CEDEAO, Faure Gnassingbé, qui se sont déplacés dans la capitale libérienne, ont ordonné à la classe politique de trouver une issue pacifique à ce différend électoral.
Selon la Constitution, la NEC dispose de 30 jours à compter de la date de dépôt de la plainte, le 23 octobre. Si les plaignants ne sont pas satisfaits de la décision, ils pourront recourir à la Cour Suprême dans un délai de 7 jours et celle-ci disposera alors de 7 jours pour se prononcer. Si elle ordonne une reprise du processus, les élections doivent se tenir dans un délai de 60 jours. C’est donc d’ici le 6 décembre que l’on pourra être fixé sur l’issue du processus en cours. Même si certains acteurs estiment que le pays « est plus que jamais divisé », les observateurs restent optimistes : « Même s’il y a un report, si cela ne sapera pas l’intégrité du processus. Les Libériens pourront toujours s’exprimer », selon Christopher Fomunyoh Directeur régional de l’Institut National Démocratique, qui a déployé des observateurs.
Alors qu’Ellen Johnson Sirleaf, la 1ère femme chef d’État du continent africain, s’apprête à passer le témoin, personne ne souhaite le retour des vieux démons dans un pays qui a connu une guerre civile entre 1990 et 1997 et une rébellion en 1999, après l’élection de Charles Taylor.
Fatoumata Maguiraga