Des responsables libyens sont réunis depuis le début de la semaine en Suisse pour une élection historique, qui devra poser les jalons d’une Libye en paix après plus d’une décennie de troubles.
Prévue jusqu’à ce vendredi, la rencontre doit aboutir à la désignation d’un Conseil présidentiel unifié et d’un Premier ministre provisoires. 75 membres du Forum sur le dialogue politique libyen (FDPL) sont réunis en Suisse depuis le début de la semaine afin d’élire des dirigeants qui auront pour mandat de réunifier les institutions, avant un scrutin national en décembre prochain. Après des dizaines d’années de troubles suite à l’assassinat de Kadhafi, suivies d’une fragmentation du pays entre autorités concurrentes, ce mécanisme doit mettre un terme aux conflits. Tout au long de la semaine, le FDPL a auditionné les 24 candidats pour 3 sièges au Conseil présidentiel et les 21 prétendants au mandat de Premier ministre, qui sera assisté de deux adjoints. Des représentants de trois blocs de l’ouest, de l’est et du sud du pays sont en lice. Parmi eux figure notamment le ministre de l’Intérieur de l’actuel Gouvernement d’union nationale (GNA), qui contrôle seulement l’ouest, Fathi Bachagha, qui souhaite devenir chef du gouvernement. Pour être élu au 1er tour, il faudra dépasser 60% des suffrages.
Tensions persistantes
Selon un communiqué de l'Union africaine publié le 1er février, Moussa Faki Mahamat, Président de l’instance, a fait l'éloge du Forum de dialogue libyen facilité par les Nations Unies et du peuple libyen. M. Mahamat s'est aussi félicité du « processus transparent de nomination des candidats destinés à siéger dans un nouveau gouvernement intérimaire unifié ». Il a également réitéré l'engagement continu de la Commission de l'Union africaine « à soutenir et accompagner le peuple frère de Libye dans son chemin vers la paix, la réconciliation et la reconstruction ». En dépit du processus en cours, la situation sur le terrain reste très volatile. Même si le gouvernement de Tripoli et les forces d’Haftar observent une trêve depuis novembre 2020, des milices rivales étaient au bord de la confrontation dimanche dernier. Une partie fidèle à Fayaz El-Sarraj, démissionnaire, et l’autre à Fathi Bachagha, qui souhaite remplacer M. El-Sarraj. La communauté internationale espère que les conclusions de ce forum poseront les jalons d’une sortie de crise définitive en Libye. L’ONU a déjà averti que la promesse des élections « doit être honorée à tout prix ».
Boubacar Sidiki Haidara